Alors qu’elle entre à peine dans sa puberté, l’adolescente Bountou* voit sa vie basculer du jour au lendemain. Loin de ses parents biologiques, elle était sous tutelle de son homonyme comme fille adoptive, à Conakry, depuis plus de cinq ans.

Apprentie couturière, elle se laisse séduire par un jeune étudiant qui fait d’elle sa petite amie. Naïve et ignorante des conséquences d’une telle aventure, elle a été bernée par le jeune homme qui a réussi un de ces jours, à la drainer dans son lit. Résultat : une grossesse non-désirée.

L’innocente Bountou traversera des moments difficiles durant les neuf mois de grossesse. Entre manque de moyens et douleurs corporelles, le suivi a été une traversée du désert pour la jeune fille. « Elle est venue vivre avec son homonyme qui est très vieille maintenant. L’auteur de la grossesse étudie à l’université. Il connaissait la fille à peine. Elle est tombée enceinte. Le jeune homme a reconnu la paternité de la grossesse, mais, au début, il optait pour un avortement. Une demande refusée par la sage-femme. Avec les conseils de cette dernière, l’étudiant et sa petite amie ont accepté de garder le fœtus, rassurés qu’elle pouvait accoucher sans craintes, même si elle était mineure. Le jeune a pris l’engagement de s’occuper de la jeune fille jusqu’au terme de la grossesse. Entre achats de médicaments et de brochures, la situation semblait insupportable par le petit ami. Malgré les souffrances endurées, Bountou* a fini par accoucher d’une fille par voie basse. Ce, en dépit de la peur de plusieurs personnes de son entourage qui remettaient en cause son bassin, qui, à leurs yeux n’était pas apte à supporter une grossesse », explique une femme témoin de cette grossesse.

Après un accouchement bien réussi, celui qui s’était montré coopérant jusque-là a fini par abandonner la jeune maman et son nouveau-né.

Selon notre interlocutrice, le jeune papa estimait que les dépenses devenaient de plus en plus élevées. Abandonnée à elle-même, Bountou* a traversé une période très difficile.

Sans soutien financier, elle plongeait dans le désespoir chaque jour que Dieu faisait.  « Depuis l’accouchement de Bountou*, le jeune homme a complètement tourné le dos à l’enfant et à sa mère. Il n’appelait pas et ne répondait pas non plus aux appels des gens, surtout des proches de la fille qu’il a enceintée. Apparemment, il n’avait aucun repère ici car il vivait seul. Et la tutrice de la fille qui est vieille ne peut supporter les charges. Elle vit au dépend des bonnes volontés qui l’aident de temps à autre. Maintenant qu’elle ne continue plus la couture, tout est à l’arrêt chez elle », précise cette proche de la pauvre Bountou.

Aux dernières nouvelles, elle envisage de retourner au village auprès de ses parents. Le regret est le plus grand fardeau que porte cette unième victime de grossesse non-désirée, trompée par une aventure amoureuse dont elle ne connaissait pas toutes les conséquences.

* Nom d’emprunt volontaire adopté pour cacher la véritable identité de la jeune mère

Mohamed Diawara – Contributeur de Génération qui ose

Génération qui ose est une plateforme d’informations et de sensibilisation sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ), de promotion de l’émancipation des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre. Ce projet est porté par l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) et le ministère guinéen de la Jeunesse. Suivez-nous également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #GquiOse.

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