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J’étais sur le point de rentrer après les évaluations, car j’avais vraiment mal, quand Monsieur Sékou m’a appelé pour me dire : “Il y a un moment que je t’observe, tu es intelligente et bien éduquée, tu me plais bien. Je voudrais que tu passes me voir à la maison ce soir pour qu’on en parle“. Sans trop réfléchir, je lui ai crié dessus et je suis sortie en courant. J’ai décidé d’aller voir ma mère à son lieu de travail pour lui expliquer ce qui m’arrivait. Elle rentre souvent tardivement et nous n’avons pas l’occasion de parler assez. Une fois arrivée, elle était occupée, je me suis donc dit de l’attendre. Mais finalement, je suis rentrée à la maison sans l’avoir rencontrée à son lieu de travail.

La semaine qui a suivie je suis répartie à l’école et juste à la rentrée de la cour, j’ai vu mes amis près du tableaux pour les affiches. Les résultats des évaluations précédentes avaient été affichés. Je me suis approchée également pour voir la liste. Mais devant mon nom, ma note en Mathématiques était de 04/20. “Mais comment est-ce possible? J’avais pourtant tout traité“, me suis-je dit. Je suis partie voir Monsieur Sékou afin de lui demander des explications. Il m’a juste dit que c’est moi qui ai voulu ainsi. Je lui ai demandé comment ça, en lui disant que je souhaitais savoir si je pouvais voir ma feuille. Il m’a répondu : “A condition que tu acceptes de te donner à moi“. J’étais dégoutée par son comportement pervers. Je lui ai donc lancé un regard sombre puis je suis partie.

Cette situation m’inquiétait, j’étais censée avoir de bonne note pour passer un concours qui me permettait d’être admise dans l’une des bonnes écoles de la ville, mais mon professeur de Mathématiques ne pensait qu’à son plaisir personnel et m’empêchait d’avancer. J’en ai donc parlé de nouveau à Bintou qui est d’ailleurs membre d’une organisation qui se bat contre les violences basées sur le genre, et la dernière fois elle m’avait parlé d’une campagne de sensibilisation contre le harcèlement. Elle aussi était en colère et m’a remercié de lui avoir en parler. “La plupart des filles aiment garder le silence ou d’autres se laissent faire. Ce qui entraîne souvent des grossesses non désirées. Il faut que tu le dénonces”, m’a-t-elle conseillé. J’ai retorqué en disant : “Mais Bintou, je n’ai pas de preuves, personnes ne me croira. Il est dans cette école depuis plusieurs années. Que dois-je faire face à cette situation.” C’est la que je me suis souvenue de tous les messages qu’il m’envoyait et des appels tardifs. On s’en est servies pour porter plainte contre Monsieur Sékou qui a été arrêté pour harcèlement.

J’ai continué mes cours mais j’étais pointée du doigts, car beaucoup estimaient que j’étais la fautive. Cela m’a traumatisée. Mais au bout d’un moment, le jugement des gens m’importait peu. Je suis restée focus et j’ai été première de m’école. L’année qui a suivi, j’ai été admise dans l’école de mes rêves pour poursuivre mes études.  Mes parents sont fiers de moi. J’ai tenu à partager ce témoignage pour dire à toutes les jeunes filles qui le liront, qu’il ne faut pas baisser les bras face aux harceleurs. Collectons les preuves et confrontons les harceleurs !

Témoignage recueilli par Thérèse Akakpo – Contributrice de Génération qui ose

Génération qui ose est une plateforme d’informations et de sensibilisation sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ), de promotion de l’émancipation des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre. Ce projet est porté par l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) et le ministère guinéen de la Jeunesse. Suivez-nous également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #GquiOse.

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