Je suis Fatima, je suis âgée de 18 ans. Je vous raconte là mon histoire, une période que peut traverser n’importe quelle fille et je vous explique de quelle façon j’ai pu m’en sortir.

Je suis née dans une famille pas du tout riche, mon père était cultivateur et se déplaçait souvent pour aller au village dans le but de ramener de la provision et de trouver un peu d’argent afin de subvenir au besoin de la famille. Ma mère, quant à elle, était restauratrice ; peut-être cela expliquait le fait que je sois grosse. Car à chaque fois qu’elle revenait du travail, elle nous apportait le reste de la nourriture cuisinée dans son restaurant. Nous mangions donc beaucoup, malgré la précarité de notre famille.

J’ai grandi dans cette situation et ça ne me dérangeait pas du tout. Chez nous, on nous a appris à nous contenter du peu qu’on obtient et à rendre gloire à Dieu. J’ai un petit frère et une petite sœur, je suis donc l’aînée de la fratrie.

Par faute de moyens financiers et matériels, mes parents m’ont inscrite dans une école publique afin que je puisse tout de même étudier. Ils trouvaient de l’importance à ce que j’aille à l’école. Pour eux, j’étais leur espoir mais je manquais souvent de fournitures, je tenais mes cahiers en main. En dépit de cette situation précaire, j’étais très ponctuelle et assidue en classe. J’avais fini par devenir la préférée des professeurs, je le prenais dans le bon sens. Car à chaque fois que j’avais besoin d’explication approfondie sur une leçon, ils ne manquaient pas l’occasion de m’apporter leur aide.

Mais un jour je fus surpris du comportement de mon professeur de Mathématiques, Monsieur Sékou, qui, à chaque fois, m’appelait tardivement ou me laissait des messages plutôt tordus et bizarres, du genre “Tu étais très belle aujourd’hui“, “Tu me manques” ou même “Est-ce possible qu’on se voie ce soir“. Je me posais énormément de questions et j’avais peur que cela joue négativement sur mon avenir. J’en ai alors parlé à ma meilleure amie, Bintou, afin d’avoir des conseils.

On était vendredi et je devais normalement rentrer à la maison à midi, car on avait qu’une matière à faire ce jour-là et ma mère, la nuit précédente, m’a fait comprendre que mon père et mon oncle reviendraient du village, il fallait donc que j’aille vite faire la cuisine pour eux afin de les accueillir. On a fini les cours pendant que j’étais en train de recopier mon devoir dans mon cahier, Monsieur Sékou fit son entrée. Il était rentré dans notre salle sans le moindre bruit, donc je n’avais pas prêté attention à lui. Soudain, mon stylo est tombé.

En essayant de le récupérer du sol, je constate que je n’étais pas seule en classe, je me relève rapidement donc et je vois que c’était mon professeur de Mathématiques qui était dans la salle et il me regardait discrètement.  Je lui ai donc demandé s’il y avait un soucis. Il m’a dit non, qu’il voulait juste me dire aurevoir avant de s’en aller avec un sourire très pervers. Mon cœur battait à la chamade. Je le voyais donc baisser son regard au niveau de mes cuisses, ça me gênait. J’ai donc toussé et je me suis levé afin de rentrer, la situation devenait vraiment embarrassante.

Je suis rentrée mais je ne me sentais pas du tout bien. Et pourtant, tout allait bien le matin. J’avais très mal au ventre, j’avais de terribles vertiges, j’avais des nausées, j’étais tout d’un coup épuisée. C’est avec difficulté que j’ai pu finir la cuisine ; et quelques heures après, mon père et mon oncle sont arrivés. ils avaient des colis mais par manque de force, je n’ai pas pu les aider à tout transporter. Mon père, ayant constaté ce changement d’humeur et de flexibilité, m’a interpellée en me disant : “Fatima, tu es bizarre aujourd’hui. J’espère que tu n’es pas enceinte?“. Il m’a laissée la bouche ouverte dans la chambre et est allé au salon rejoindre mon oncle.

A 20h, maman est rentrée. Elle a pris la relève pour s’occuper d’eux. Je suis allée sous le manguier avec ma lampe afin de réviser mes leçons dans le calme, mais je n’arrivais pas à me concentrer. Cela ne m’était jamais arrivée. Sans trop forcer, je suis rentrée dans ma chambre afin de me reposer, soupçonnant la fatigue qui aurait pu m’empêcher de réviser mais je n’arrivais pas à dormir, me voilà donc au lit le sommeil qui refusait toujours de venir. C’est à 2h du matin, j’ai finalement réussi à fermer les yeux. Ce malaise a duré tout le week-end.

Le lundi suivant j’avais des évaluations à l’école et je n’avais pas pu apprendre correctement mais j’étais un peu confiante, car je comprenais très bien les cours. Nous avons eu à être évaluée dans trois matières et j’ai donné le meilleur de moi-même. J’étais sur le point de rentrer après les évaluations, car j’avais vraiment mal, quand Monsieur Sékou m’a appelé pour me dire : “Il y a un moment que je t’observe, tu es intelligente et bien éduquée, tu me plais bien. Je voudrais que tu passes me voir à la maison ce soir pour qu’on en parle“. Sans trop réfléchir, je lui ai crié dessus et je suis sortie en courant.

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Témoignage recueilli par Thérèse Akakpo – Contributrice de Génération qui ose

Génération qui ose est une plateforme d’informations et de sensibilisation sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ), de promotion de l’émancipation des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre. Ce projet est porté par l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) et le ministère guinéen de la Jeunesse. Suivez-nous également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #GquiOse.

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