Si on doit raconter l’histoire des femmes qui, malgré les nombreux obstacles de la vie, ont réussi à réaliser leurs rêves, ces femmes qui peuvent être des exemples à suivre pour les autres qui aspirent à une autonomie socio-économique, on peut logiquement parler de Tia Philomène. Cette Ivoirienne est aujourd’hui une femme d’affaires accomplie. Pourtant, son parcours n’a pas manqué de croiser des obstacles.

En marge de la Conférence intergénérationnelle des femmes et filles leaders pour la paix et la sécurité au sien de l’espace CEDEAO et du Sahel, tenue à Conakry du 17 au 18 juin dernier, elle a partagé à  Génération qui ose son expérience d’épouse et de « femme entrepreneure partie de  rien ».

C’est une histoire qui ressemble à tous points à un best-seller sur l’entrepreneuriat que Tia Philomène, communément appelée « Madame Glao », huitième épouse de son mari, a partagée. Un récit qui certainement inspirera les jeunes filles et femmes d’aujourd’hui et du futur qui aspirent à bâtir leur avenir. Si « Madame Glao » fait désormais partie des femmes influente de la Côte-d’Ivoire, elle a cependant connu un parcours difficile avant de se retrouver parmi les plus grandes entrepreneures dans son pays. « Toute petite déjà, j’aidais ma maman à subvenir à ses besoins primaires, parce que mon papa ne s’occupait pas d’elle. Et à 17 ans, mon papa m’a donné en mariage forcé. À l’époque, les femmes avaient très peur de leur marie. J’ai dit à mon papa que je ne peux pas me marier à un vieux. Mais, lui, il m’a imposé finalement cette union. Parce que pour lui, les jeunes filles ne peuvent pas choisirent leurs maris. Ce sont les parents qui choisissent. Donc, j’étais obligé de me marié à un vieux qui avait sept femmes et moi je suis devenue la huitième (sic) », a-t-elle révélé.

De ce mariage, elle trouva l’énergie nécessaire pour ne pas baisser les bras. « Enceinte de mon premier enfant, j’ai demandé une parcelle cultivable à mon mari. En un mois, j’ai balayé un hectare. Après ce travail, je n’avais pas d’argent pour payer la semence. Je suis allée voir mon mari pour m’aider. Mais malheureusement il a refusé, parce qu’il estimait que si j’ai eu le courage de balayer un hectare, ce que je peux me débrouiller pour avoir la semence. C’est ainsi que j’étais obligée d’aller travailler dans les champs des gens, contre 600 FCFA le jour. Nous sommes en 1984. De cet argent, je prenais 500 FCFA pour acheter les semences et 100 FCFA pour payer un plat d’atiécké (un plat fait à base de manioc et très consommé en Côte d’Ivoire, ndlr) pour mon dîner. Après plusieurs jours de dure labeur, je me suis retrouvée avec la semence nécessaire pour mon hectare », se souvient-elle.

Cependant, Tia Philomène n’avait pas vaincu toutes ses difficultés. Car après son accouchement, elle n’avait personne pour s’occuper de son champ d’arachides. « J’étais confuse. J’ai fait recours au griot du village, afin qu’il fasse appel aux femmes et aux élèves du village, moyennant une cuvette pour trois cuvettes cueillies. À la fin, je me suis retrouvée avec 70 sacs d’arachides. À l’époque, le prix du sac était à 2500 FCFA. Donc j’ai décidé de garder ma récolte pour attendre la rupture. Une chose qui était heureusement bien, car le prix à doubler et je me suis finalement retrouvée avec 350 000 FCFA ».

Cet argent sera le point de départ de la richesse de « Madame Glao ». Elle l’investira pour faire des voyages en Guinée où elle achetait des produits vivriers pour les revendre dans la ville de Man (ouest de la Côte d’Ivoire). « Après un an d’activité, j’ai bénéficié d’un crédit de 3.300.000 FCFA. Une somme qui m’a permis d’aller à Abidjan pour acquérir un camion à crédit. Douze mois plus tard, j’ai remboursé mon créancier. Avec les bénéfices obtenus de l’utilisation de ce camion, je me suis lancé dans l’élevage. Au final, je me suis retrouvée avec 6000 têtes de bœufs et cinq bâtiments de dix mille poulets », raconte-t-elle avec fierté.

La diversification de ses activités n’a pas fait oublier à Tia Philomène son amour d’antan : les transports. Aujourd’hui, elle est à la tête de l’une des grandes compagnies de transports de Côte-d’Ivoire, MT International. Une entreprise qui est en train de révolutionner le monde du transport en Côte d’Ivoire à partir de la ville Man. Elle dispose d’une dizaine de cars dont certains de niveau VIP avec toutes les commodités (Connexion Wifi, table à manger, latrine, télévision…)

Aujourd’hui, Tia Philomène réclame plus 600 employés et sept entreprises en activité. Si elle n’a pas eu la chance de faire des études, elle s’est investit entièrement pour l’éducation de ses six enfants, De retour en Côte d’Ivoire, après des études à l’étranger, quatre d’entre eux sont employés dans ses entreprises et payés au même niveau de salaire que les fonctionnaires de l’Etat Ivoirien, souligne-t-elle.

Elue femmes leaders de la Côte d’Ivoire en 2016, elle lance un message aux femmes africaines : « On ne baisse pas les bras devant les difficultés, soyez focus sur vos objectifs. Préparez l’avenir de vos enfants en les scolarisant. Il n’y a aucun secret pour la réussite. Le seul secret, s’il y en a, c’est d’apprendre de ses échecs. »

Génération qui ose est une plateforme d’informations et de sensibilisation sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ), de promotion de l’émancipation des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre. Ce projet est porté par l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) et le ministère guinéen de la Jeunesse. Suivez-nous également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #GquiOse.

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