En février dernier, à l’occasion de la première édition du Forum de la jeune fille guinéenne, un panel a réuni le ministre de la Justice, Mory Doumbouya, la ministre des Droits et de l’Autonomisation des femmes, Hawa Béavogui, et la présidente de la Coalition des femmes leaders de Guinée (COFEL), Fatou Baldé Yansané, autour de l’engagement du gouvernement guinéen dans la lutte contre les violences basées sur le genre et la promotion de l’émancipation des femmes. Une occasion mise à profit par les intervenants pour discuter des réformes entreprises par l’Etat et des mesures que les autorités guinéennes comptent prendre pour intensifier la lutte contre le phénomène des VBG, tout en faisant la promotion de l’autonomisation des femmes.

A la question de savoir quelles les réformes et les mesures prises par le département de la Justice pour venir en aide aux personnes victimes de violences, Me Mory Doumbouya a tout d’abord assuré que désormais les cours et les tribunaux prendront leur responsabilité non seulement dans le traitement des questions de violences, de mutilations génitales, mais aussi en veilleront à l’exécution correcte des peines, même si les plaignant.e.s se désistent. Citant les prouesses de son département en matière de punition des auteurs des différentes violences à l’endroit de la couche féminine, comme ce fut le cas à N’Zérékoré en novembre dernier contre l’enseignant qui avait déshabillé son épouse en public, le ministre Doumbouya, a invité toutes les structures concernées et intéressées par la lutte contre les violences basées sur le genre à s’engager davantage pour mettre fin au phénomène.

Sur les réformes que les autorités guinéennes comptent mettre en place afin de verrouiller le système pour que tout coupable soit traduit devant les juridictions et que la décision qui en sort reste applicable, même en cas de pardon, Mory Doumbouya a préconisé la concertation de tous les acteurs. « Il va falloir une concertation de tous les acteurs concernés et des consultations de haut niveau pour, au besoin, procéder à une revue de la législation en vigueur et de relever tous les cas réputés être des causes d’échappatoire ou des mesures de dysfonctionnement, les recenser et chercher à les corriger (…) Il appartient à toutes les structures concernées, à l’Etat de relever, au cas par cas, toutes les questions de ce genre et de se rapprocher de l’Assemblée nationale pour pouvoir les corriger parce qu’en la matière, il faut un sursaut patriotique de tout le monde et beaucoup de rigueur dans la répression surtout », a-t-il proposé.

Pour Me Mory Doumbouya, la faute n’est pas celle de l’état de la législation en vigueur mais l’inaction de tous les acteurs concernés. « Il s’agit là donc d’échappatoire. Suivez très bien le déroulement des procédures, même par voie de presse, et faites des réactions et des dénonciations pour que tous les cas de dysfonctionnement soient corrigés au fur et à mesure », a conseillé le Garde des Sceaux.

A cet effet, la Coalition des femmes leaders de Guinée (COFEL) par la voix de sa présidente Fatou Baldé Yansané a assuré être à disposition pour mettre en place un mécanisme de verrouillage pour amener les criminels devant les tribunaux.

Pour la ministre des Droits et de l’Autonomisation des femmes, il y a une légère amélioration de l’accès des femmes aux différentes sphères (sphères de décision, économique et autre). Toutefois, il va falloir mettre l’accent sur l’autonomisation des femmes. « Pour réussir une effective autonomisation, il faut impérativement assurer une véritable protection des droits des femmes qui puisse assurer à la femme son épanouissement, qui puisse l’amener à prendre des choix dans sa vie, à prendre des grandes décisions dans sa vie, mai aussi favoriser son éducation parce que pour accéder au sein des décisions, il faudrait que les femmes soient suffisamment outillées », a laissé entendre Hawa Béavogui.

Elle préconise aussi un travail concerté de tous les sectoriels concernés dans le cadre du processus d’amélioration de la scolarisation de la jeune fille parce que « pour réussir l’autonomisation des filles et femmes de Guinée, il faudrait que nous travaillions sur la petite fille qui sera la femme de demain (…) Il faudrait que nous mettions l’accent sur une forte coordination (…) Il faudrait que réellement on soit suffisamment outillés pour pouvoir faire face aux grandes décisions ».

Rappelant les dysfonctionnements constatés au niveau de la loi, Hawa Béavogui fait savoir qu’il faut que les priorités soient restructurées en pensant plus à celles nationales qu’à celles des partenaires étrangers. Elle a aussi demandé la mobilisation des ressources nécessaires pour assurer la mise en œuvre effective des différents politiques et documents stratégiques en collaboration avec les ONG nationales et internationales ainsi que la révision des documents stratégiques dans l’intérêt de nos différentes cibles.

Elisabeth Zézé Guilavogui

Génération qui ose est une plateforme d’informations et de sensibilisation sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ), de promotion de l’émancipation des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre. Ce projet est porté par l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) et le ministère guinéen de la Jeunesse. Suivez-nous également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #GquiOse.

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