Pendant 48 heures, une centaine de femmes de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et du Sahel était réunie à Conakry pour la « Conférence inter-générationnelle des femmes et filles leaders pour la paix et sécurité au sein de leur espace commune ».
Cette rencontre qui s’est tenue les 17 et 18 juin dans la capitale guinéenne s’inscrit dans le cadre des préparatifs du 25e anniversaire de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) et la mise en œuvre du Plan national pour le développement économique et social (PNDES) et des Objectifs de développement durable (ODD) en Guinée.
Pour avoir un engagement commun des États de la sous-région, le Réseau des femmes du fleuve Mano pour la paix et la sécurité (REFMAP) a organisé en collaboration avec la famille des Nations Unies et la CEDEAO, en vue d’impliquer les jeunes femmes dans la prévention des conflits, et la promotion du leadership féminin.
Cette conférence a également porté sur diverses questions allant de la migration à la lutte contre le mariage précoce et d’autres pratiques faisant obstacles à la pleine participation de la femme au développement durable et au bien-être, tant individuel que collectif dans le cadre des objectifs de développement durable et notamment de l’objectif 5 sur l’égalité entre les sexes.
Après avoir amplement débattu sur les six thématiques, les participant.e.s se sont résolument engagé.e.s à œuvrer tant individuellement que collectivement afin de promouvoir les engagements contenus dans le CIPD et le Pacte Mondial sur les Migrations dans les pays de l’espace CEDEAO et du Sahel.
Au terme des débats, les participant.e.s ont sanctionné la rencontre par un communiqué, dit « L’engagement de Conakry », avec plus d’une vingtaine de points d’engagements…
● Promouvoir davantage l’implication des hommes dans le changement de comportement (exemples : école des maris, he for she, etc.) ;
● Mutualiser et renforcer nos efforts pour l’éradication des pratiques néfastes à la santé de la femme et de la jeune fille, en particulier les mutilations génitales féminines et le mariage précoce et forcé ;
● Promouvoir des stratégies de renforcement de capacités des femmes et des jeunes à l’utilisation responsable des technologies de l’information et de la communication ;
● Veiller au respect des engagements et obligations en matière des droits de l’homme pris par les États, y compris dans les domaines de la santé et de la jeunesse (déclaration d’Abuja sur la santé, charte africaine de la jeunesse, etc.) ;
●Renforcer et diversifier les sources de financement, notamment le partenariat public-privé ;
● Encourager la participation politique/accès aux instances de prise de décision des femmes et des jeunes (cadre legislatif, stratégie d’accompagnement/financier, renforcement de capacités, etc.) ;
● Promouvoir les synergies et la solidarité entre les différentes catégories des femmes et des jeunes, y compris celles qui sont dans l’armée ;
● Soutenir la formation de formateurs s’adressant à des catégories sociales et professionnelles dont les activités touchent particulièrement et directement le respect des droits de l’homme, les droits en santé sexuelle et reproductive, les violences basées sur le genre et les pratiques néfastes ;
● Renforcer les capacités des femmes et jeunes en milieu rural afin qu’ils s’organisent plus en groupements structurés et puissent bien gérer leurs entreprises ;
● Mettre en place une plateforme d’informations, de partage d’expérience et d’éducation financière au profit des femmes et jeunes en milieu rural ;
● Faire un plaidoyer pour l’accès des femmes et des jeunes au crédit ;
● Plaider en faveur d’une nouvelle forme d’éducation de bas âge qui va inculquer les même valeurs aux enfants filles et garçons afin qu’ils grandissent avec les mêmes visions du monde et les mêmes aspirations ;
● Renforcer les capacités techniques et institutionnelles des femmes, des jeunes ainsi que les organisations de la société civile sur les thématiques des droits de l’homme, des médias et de la médiation culturelle ;
● Redéfinir les stratégies de communication adaptées aux réalités des communautés cibles en tenant compte de l’implication des hommes et en outillant les femmes au leadership et à la prise de parole en public ;
● Créer et multiplier des espaces de dialogue intergénérationnel avec les réseaux de femmes et de jeunes au sein de nos communautés et inter-États, pour le partage des connaissances des différents pays, l’harmonisation des interventions et la mutualisation des ressources existantes relatives aux droits de l’homme ;
● Soutenir l’élaboration, l’adoption, et la mise en application (vulgarisation) des textes de lois relatifs aux droits des femmes aux niveaux national, régional et international ;
● Promouvoir le dialogue intergénérationnel et interconfessionnel, voire intraconfessionnel ;
● Développer des activités d’informations, d’éducation et de sensibilisation de tous les segments de la société (lieux de culte, communautés, femmes modératrices de conflits, comités d’alerte, etc.) aux dangers de la radicalisation et de l’extrémisme violent en impliquant les leaders traditionnels et religieux qui sont des modèles ;
● Prendre en compte les réalités sociopolitiques, économiques et culturelles des communautés dans l’élaboration des textes de lois ;
● Veiller à l’application et la vulgarisation des textes de lois et accords ratifiés par les Etats ;
● Mener un plaidoyer au niveau des États pour l’élaboration, l’adoption et la mise en œuvre de la politique migratoire régionale ;
● Sensibiliser les réseaux de femmes et des jeunes pour une participation active dans le processus de prévention de la migration irrégulière, de la traite des personnes et des pratiques assimilées, ainsi que dans la dénonciation des réseaux de passeurs ;
●Organiser les outils d’épargne et de crédit des femmes (les tontines communautaires) afin de créer des mécanismes de soutien et de stabilité économique communautaire (Fonds de garantie dans les banques au profit des femmes et des jeunes) ;
● Développer des initiatives de formation, d’orientation professionnelle et d’insertion socioéconomique en direction des jeunes et des femmes afin d’accroître leurs revenus ;
●Assurer l’implication effective des femmes et des jeunes dans la sensibilisation sur l’intégration régionale et la prise en charge de l’éducation des enfants par les parents (surtout les femmes) ;
● Mener des actions concrètes et réalistes à l’endroit des citoyens et agents pour l’effectivité de l’intégration régionale.
A rappeler qu’en plus des quatres pays de l’Union du fleuve Mano (Guinée, Libéria, Sierra Léone et Côte-d’Ivoire), il y a avait également certains pays de la CEDEAO, dont le Sénégal, le Mali, le Burkina, le Niger et le Bénin. Ces États étaient présents à cette conférence intergénérationnelle des femmes et filles leaders pour la paix et la sécurité au sein de la CEDEAO et du Sahel.
Enfin, les participantes se résolvent de promouvoir « L’engagement de Conakry » au sein de l’espace CEDEAO et de ses États membres, entre les organisations communautaires et de la société civile ainsi qu’au sein des institutions internationales, mais aussi de présenter cet engagement comme une rétributions aux travaux de la conférence de Nairobi sur les 25 ans du CIPD.
Partager via: