Ce vendredi 08 mars 2019, l’humanité a célébré la Journée internationale des droits de la femme. En Guinée, plusieurs activités étaient au programme. Autorités publiques, organisations de défense de droits de l’homme, citoyens ont chacun tenu à marquer cette journée à leur manière. C’est dans ce cadre que le collectif Guinéenne du 21ème siècle, Génération qui ose, le réseau AFRIYAN et le Club des jeunes filles leaders de Guinée ont organisé un dialogue intergénérationnel, dénommé #WomenTalkGN, pour discuter plus largement des droits des femmes dans le pays et précisément des mariages précoces et des mutilations génitales féminines (MGF).
Organisé au sein de l’ISCAEG, à Nongo dans la banlieue de Conakry, cet évènement a été une occasion pour les participants et les panélistes d’échanger sur des thématiques variés, liés aux droits des femmes et de leur émancipation : le mariage précose, les mutilations génitales féminines, l’inégalité salariale, le harcèlement sexuel en milieu professionnel, etc.
Dans une salle pleine à craquer, panelistes et participants ont partagé avec le public leurs expériences avant de proposer des pistes de solutions pour plus d’équité entre les hommes et les femmes. Les plus « âgés » ont encouragé les « jeunes » à ne pas tomber dans le piège des arguments régressifs. « Dès que tu parles des méfaits de l’excision, on te rétorque que nos mamans ont fait chacune dix enfants sans complications (…) Ils continuent encore à nous priver ce plaisir », regrette une participante.
Animant le panel sur « les mutilations génitales féminines et les mariages précoces », le directeur général de l’AGIL, Mory Condé, a dénoncé l’hypocrisie de certains « activistes » qui emmènent discrètement pendant les vacances scolaires leurs fillettes au village pour les faire mutiler. « Il y a des gens qui travaillent dans des organisations qui luttent contre l’excision mais ils envoient nuitamment leurs fillettes chez des exciseuses pour les mutiler ». Pour M. Condé, ces actes sont de nature à discréditer ceux qui mènent un combat noble pour endiguer ce fléau. Il a appelé aux uns et aux autres à plus de responsabilités.
Parlant des mariages précoses, un des participants a, pour sa part, dénoncé l’absence de sanction contre les parents qui donnent leurs filles en mariage avant âge légal (17 ans pour les filles et 18 ans pour les garçons, NDLR). « Si les mariages précoces continuent dans notre pays, c’est parce que les autorités laissent faire. Si les coupables étaient punis, les parents auraient cessé de donner leurs filles en mariage avant l’âge légal ».
Abordant la question de l’inégalité salariale, l’activiste Asmaou Barry a dénoncé la marginalisation dont sont victimes les femmes dans le milieu professionnel, insistant sur le fait que ces dernières ont des compétence et des aptitudes qui leur permettent de faire autant que les hommes. Pour mettre fin à cela, elle appelle à plus de justice sociale.
Sur le harcèlement sexuel en milieu professionnel, la journaliste-blogueuse Mamata Sanguiana a encouragé les filles et les femmes à avoir confiance en elles. « Ayez confiance en vous ! Croyez en vous, ne vous laissez pas abattre ni marcher dessus. Le plus important, c’est votre intégrité et votre bien-être », a-t-elle lancé à l’endroit des participantes.
Enfin, la Pr. Oumou Younoussa Bah Sow a partagé quelques astuces pour réussir dans un milieu professionnel dominé par les hommes lorsqu’on est une femme. « Il faut être brillante, concurrente et ne jamais se laisser distraire par les ”on dit” ; faire focus sur ce qu’on sait faire et prouver à chaque fois que l’occasion se présente », a expliqué la professeur de Pneumo-Physiologie qui fut la première femme médecin de l’histoire de la Guinée.
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