Tradition et procréation, un tandem toujours présent dans nos sociétés !

 

Dans la société traditionnelle africaine, une femme est souvent reconnue à sa véritable valeur lorsqu’elle vit dans un foyer. Pour être considérée comme une « femme » à part entière, elle doit avoir des enfants.

Alors que le mariage est un lien qui unit la femme à l’homme pour leur complémentarité, avoir une progéniture est crucial pour la stabilité conjugale. En Guinée, de nombreuses femmes sont dénigrées par leurs conjoints ou belles-familles en raison de leur incapacité à avoir des enfants. Cette situation crée une souffrance conjugale qui pousse ces femmes à recourir à des pratiques coutumières humiliantes dans l’espoir de concevoir un jour. Un contributeur de Génération qui ose partage ce qu’il a appris sur ces pratiques traditionnelles.

Beaucoup de femmes mariées souffrent de stérilité depuis des années et sont parfois traitées de sorcières ou de malchanceuses simplement parce qu’elles n’ont pas encore conçu. En quête de solutions, en plus de la médecine moderne et de la pharmacopée, elles se tournent vers des pratiques traditionnelles considérées comme un moyen d’accéder à la grossesse.

Selon plusieurs témoignages, ces pratiques traditionnelles existent depuis longtemps et ont toujours eu des effets dans nos sociétés. Elles se déroulent souvent lors des cérémonies de baptême. Parfois, à l’insu de la femme stérile, tout est préparé pour elle.

Après l’immolation de l’animal sacrifié lors du baptême, les belles-sœurs ou les amies la traînent dans le sang et la lavent avec. Elles utilisent parfois l’eau sale provenant de la vaisselle sur place pour la verser sur elle. Cette situation est extrêmement humiliante pour la femme, qui, malgré ses beaux habits, est traînée, humiliée et parfois battue sous les yeux de spectateurs impuissants. Ces derniers considèrent cela comme normal puisque c’est censé favoriser la conception. La scène se termine souvent par les pleurs de la femme, réconfortée par d’autres avec des paroles telles que : « Calme-toi ! L’année prochaine, toi aussi tu seras mère ».

« Ces pratiques visent à conjurer le sort qui pèse sur elle. Si une femme stérile est traînée dans le sang, c’est pour lui signifier que, comme elle ne parvient pas à tomber enceinte, voilà ce qu’elle mérite. Après cette humiliation, elle aura honte et, espère-t-on, Dieu l’aidera bientôt. C’est pourquoi elle pleure devant tout le monde, couverte de honte », explique Marie, une jeune mère.

Cette pratique n’est pas unique. Par exemple, au Fouta-Djallon, après une initiation chez les jeunes garçons, il est demandé à une femme stérile de manger des bananes que le jeune circoncis a déjà mises dans sa bouche et crachées sur sa main. « Ma mère m’a dit de suivre les enfants circoncis à la rivière le jour de leur sortie d’initiation. Lors de ce rituel, ils apportent souvent des arachides, des patates et des bananes mûres. Les jeunes circoncis devaient manger ces aliments et les cracher sur ma main pour que je les mange à mon tour. J’ai trouvé cette pratique très difficile à supporter et j’ai fini par y renoncer », témoigne Awa, une femme mariée.

Dans certaines localités, d’autres pratiques sont également courantes pour aider les femmes stériles à stimuler leur fertilité. En Guinée-Forestière, par exemple, lors des cérémonies de baptême dans certaines communautés, après avoir pilé le pain blanc, l’eau utilisée pour laver le mortier est versée sur ces femmes.

En termes de résultats, toutes les femmes qui ont recours à ces pratiques traditionnelles ne sont pas satisfaites de ces épreuves. Toutefois, certaines obtiennent des résultats après plusieurs tentatives et finissent par concevoir.

Cette quête de conception demeure une préoccupation majeure pour celles qui ne parviennent pas à avoir d’enfants, dans le seul but de préserver leur foyer.

Mohamed Diawara – Contributeur de Génération qui ose

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