Mme Traoré née Tiguidanké Diaka Condé est conductrice de bus à l’aéroport international de Conakry-Gbessia. Avec le niveau bac, elle exerce aussi le métier de « pushback » (manœuvre effectuée par un tracteur qui reculera l’avion sur le chemin de roulage pour le placer en position de roulage pour le départ), devenant ainsi la « deuxième femme pousseuse d’avions en Afrique de l’Ouest ». Pour cette femme, seule la détermination paie. Génération qui ose est allée à sa rencontre pour apprendre davantage sur son parcours inspirant…
« J’ai étudié, mais j’ai juste le niveau bac. J’ai fait le bac 1, le bac 2 et le concours… Ce n’était pas facile en notre temps. Donc, je me suis limitée juste au niveau bac, puis je me suis mariée. C’est après le mariage que j’ai appris le métier de conduire », explique Diaka Condé, à l’entame de son long parcours. Toute souriante, Mme Traoré est de ces personnes qui aiment leur métier, en parler leur procureur la joie.
La carrière de cette conductrice débute à la SOTRAGUI (Société de transports de Guinée), où elle se fait recruter après avoir postulé. Elle commence par « le poste de contrôleur » qu’elle exerce pendant quelques mois puis devient « contrôleur de bus de ticket ». « J’ai dit au chef de me faire rentrer dans le guichet. Donc j’ai travaillé aussi dans le guichet. Puis un jour, je me suis dit : ‘Mais pourquoi ne pas faire la conduite aussi puisque c’était ma passion ?’. Donc, c’est à la SOTRAGUI qu’on m’a formée pour conduire le bus. Mon chef, mon directeur qui était là-bas M. Bokar Sidibé, c’est lui qui a autorisé mes chefs hiérarchiques à me former sur la conduite de bus », se souvient la jeune dame.
Après sa formation en 2015, Diaka Condé commence à travailler à l’aéroport international de Conakry-Gbessia, le 2 novembre 2017. « J’ai fait au moins huit mois de stage. Après les huit mois de stage, ils m’ont embauché comme professionnelle avec maîtrise professionnelle. Je suis en poste à l’aéroport, ça fait 3 ans de cela », affirme la conductrice.
Son statut de femme ne semble lui pas poser de problème avec ses collègues hommes. « Je travaille avec mes collègues masculins sans problème. On s’entend bien, on est d’accords. Mais le métier n’est pas facile. Ce que j’ai sollicité d’être, vraiment, ce n’est pas facile du tout. C’est le courage qui fait que j’arrive à continuer, sinon il y a beaucoup de femmes qui travaillent à l’aéroport mais pas dans ce métier. J’ai sollicité d’être conductrice parce que c’est ma passion », souligne la « repousseuse d’avions ».
Sur ses débuts dans cette autre profession, Mme Traoré Diaka se veut reconnaissante en parlant de la personne qui lui a permis d’être cette femme qu’elle est aujourd’hui. « Quand on m’a recruté, j’étais juste chauffeur de bus. Mais actuellement, je conduis presque tous les engins qui sont à l’aéroport de Conakry, grâce à notre ancien directeur M. Kabassan Keita. Il a lui aussi donné l’autorisation pour qu’on me forme, qu’on m’apprenne à repousser les avions. J’ai cet atout là aujourd’hui. Je peux conduire, je peux repousser l’avion. Je suis la deuxième femme en Afrique de l’Ouest qui repousse d’avions », nous apprend fièrement la jeune dame.
Son plus grand rêve : pouvoir aider à partager son savoir et son expérience avec les autres femmes qui souhaitent faire carrière dans son domaine. En dépit de ses moyens très limités. « Je veux partager ce que j’ai appris, mais je n’ai pas les moyens. Je n’ai pas encore de véhicules, pas de bus ou de taxis où je peux former d’autres femmes. Je voudrais que l’Etat me vienne en aide… Je lance un appel aussi au président de la République de nous appuyer, nous les femmes qui avons des métiers. Parce qu’il y a beaucoup de femmes ici qui ont appris les métiers mais elles ne sont soutenues dans ce qu’elles font ou veulent faire. Il y a des femmes menuisières, des maçons, des peintres, etc… Donc, il faudrait que l’Etat nous appuie, nous aide à être davantage autonomes », lance-t-elle.
Aux femmes et aux jeunes filles, Tiguidanké Diaka Condé n’a pas manqué de leur donner des conseils. « Ce que je dirais à d’autres femmes, c’est de prendre le courage. Tout ce que la femme veut, Dieu le veut. C’est juste une question de courage et de persévérance. Quand tu as le courage, tu vas aller de l’avant. Ne vous asseyez pas à la maison, créez parce que la femme doit créer. Quand tu crées quelque chose, tout va venir vers vous (…) Il y a beaucoup de femmes courageuses en Guinée. On va persévérer encore et encore », conclut celle qui peut inspirer la jeune génération qui aspire à l’émancipation totale des femmes guinéennes.
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