Hadia* est une jeune femme, issue d’une famille modeste. Mais dans son existence, elle n’a pas manqué l’essentiel. A l’âge de 25 ans, elle est tombée enceinte alors qu’elle est étudiante en Médecine. Au moment où elle s’apprêtait à mettre fin à la grossesse, le géniteur s’y est opposé ; promettant de s’en charger. Toutefois, après l’accouchement, ce dernier lui a tourné le dos. A quatre mois, le bébé est décédé à la suite de maladie. Une situation qui a bouleversé la vie de Hadia* qui a traversé des moments difficiles. Les douleurs morales étaient devenues ses compagnons de tous les jours. L’affaire remonte à il y a quatre ans, mais elle a marqué sa vie. Aujourd’hui reconstruite, la jeune femme a décidé de partager son histoire teintée de faits réels et émouvants.

Tout a commencé en 2019, lorsqu’elle a contracté une grossesse alors qu’elle évoluait en classe de deuxième année dans une université de Conakry. Elle a fait la connaissance d’un jeune marié et père de famille auprès de qui elle a trouvé l’amour. Son grand défaut, elle ne sait pas aimer. Dès qu’elle s’attache, elle est irrécupérable. La jeune étudiante a fini par donner sa virginité à celui qui a croisé son chemin. « J’ai rencontré un homme et je suis une fille je m’accroche vite et je m’attache trop vite. Quand je m’attache je deviens accro. Ma maman me disait souvent : ‘Hadia*, il faut faire attention. Le dehors, ça craint mais il faut que tu sortes pour le savoir. Il faut juste faire attention’. Le monsieur en question, je l’aimait et je suis tombée enceinte en novembre 2019. Vu que je suis étudiante en Médecine, je croyais savoir mes jours d’ovulation, quand je devais faire le rapport ou pas. Quand je suis tombée enceinte, trois semaines après, j’ai su directement que je suis enceinte. Là, j’avais peur parce qu’étant étudiante en Médecine, mon université coûte une fortune et ma maman avait déjà payé la scolarité en entier », se souvient-elle.

Une fois enceinte, elle a joint l’auteur pour lui dire qu’elle porte une grossesse dont il est responsable. Le problème, elle ne souhaite pas garder l’enfant. Ce dernier étant à l’intérieur du pays, a demandé à ce qu’elle garde l’enfant, qu’il est conscient de son adultère vu qu’il est marié. Hadia⃰, soucieuse du sort réservé à sa mère suite à ses erreurs de jeunesse, a insisté que sa maman n’était pas aimée par ses tantes et garder la grossesse ne pouvait être une bonne chose pour elle. Le jeune en promettant d’honorer la jeune étudiante, celle-ci a gardé le fœtus.

La jeune Hadia a entrepris l’idée de fuguer ou d’avorter. Seulement à un mois et deux semaines, elle a informé sa mère. Dominée par le stress et la peur, elle a fini par avouer son erreur. Très pieuse, sa mère bien qu’elle était surprise, n’optait pas pour l’avortement au risque d’irriter la colère de Dieu. « Ma maman se lève tôt le temps à 3h pour prier et après elle fait ses activités avant de sortir de la maison. Au moment où elle priait, je ne dormais pas parce que je stressais. Quand elle a fini sa prière, je lui ai dit:”maman je suis enceinte”. Elle a passé toute l’aube à pleurer et m’a demandé comment j’ai pu faire ça? Qu’elle ne va pas me dire d’avorter parce qu’elle est croyante, elle crains Dieu, du coup le péché sera sur elle. De voir ce que je peux faire. En ce moment j’ai eu l’idée de quitter la maison et aller à l’intérieur. Là-bas j’ai beaucoup de parents là-bas”.

Ainsi, Hadia⃰ a pris la décision d’aller vivre sa grossesse loin de Conakry. L’état d’urgence sanitaire decreté en Guinée entre temps avec l’arrivée du COVID-19, les barrages sont installés pour empècher la sortie et la rentrée des engins roulants. Vu que personne ne sortait ni n’entrait, c’etait un problème pour elle. Elle est restée à la maison à patienter en attendant que tout rentre dans l’ordre. Entre temps, Hadia⃰ a accepté d’echanger avec la femme de son amant qui avait eu vent de la nouvelle à la demande de cette dernière. En donnant son accord à cette relation, elle a commis une erreur que l’auteur ne va jamais pardonner. « Un jour sa femme a cherché à entrer en contact avec moi, je ne vais pas dire que j’étais naïve, mais je n’ai pas pensé aux conséquences. J’ai accepté ses demandes et on causait et le mari a su cela. Dès qu’il a compris, il a pété les plombs. Il m’a coupé la parole, pas d’appels, ni de messages. Il ne savait même pas si je suis dans ce monde », témoigne-t-elle.

Une fois à l’intérieur, elle a été accueillie par une famille qui l’a offert la meilleure des hospitalités. Sa mere avait negocié avec cette famille pour que la fille aille labas, loin des regards de Conakry. Elle était aimée et choyée par ses parents adoptifs. Son amant, malgre la promesse de prendre soins de celle qui porte son futur enfant, n’a pas pris ses nouvelles.

“Quand je suis allée, ça faisait presque six mois, le gars ne m’appelait pas, ne m’écrivait pas et ne rentrait pas en contact avec moi. Entre temps il a su que j’étais à Kankan et sa famille est là-bas aussi. Il a essayé d’entrer en contact avec moi mais je l’aimais, de toutes les façons je portais son enfant, je ne pouvais rien. Le contact s’est rétabli et on se fréquentait. Il m’a proposé d’aller vivre chez son oncle maternel, je lui ai dit que là où je suis, je me sens bien.Ma maman me donnait tout, mais puisque c’est son enfant, de fois je demandais quelque chose et avant de l’avoir c’était difficile. Parfois il m’insultait ou il mettait du temps avant de me donner. Il se foutait en fait de moi. Je me suis dit tôt ou tard ça va finir”, revele-t-elle.

Assisté financièrement par sa mère et moralement par sa famille adoptive, son père a fini par avoir connaissance de sa grossesse. Sa réaction a été à la hauteur de sa déception. «Je ne manquait de rien, quand je disais à ma maman, c’est ce que je veux, elle m’apporte. Elle ne m’a privé de rien jusqu’au mois de Ramadan où mon papa a su que je suis enceinte. Il a appelé maman et elle a fait comme si elle ne savait pas. Ils m’ont appelé et m’ont demandé. Mon papa a aussi pleuré. La seule chose qu’il a pu me dire, comment tu as pu tomber enceinte étant étudiante en médecine,2ème Année en plus, tu n’es plus une gamine? J’avais honte de moi, un beau matin, j’ai pris mes bagages, je suis sortie de la maison sans que mon père et ma mère ne soit au courant”, raconte la jeune fille.

 La mère du jeune qui était au courant de l’adultère de son fils depuis la grossesse de Hadia⃰, a côtoyé fini par cette dernière. Choyée et protégée, elle prenait soin de celle qui portait désormais son futur petit-fils. Conseillée par sa tutrice de rendre visite à la grand-mère de son enfant. Seulement le père du jeune n’était pas réceptif à cela et n’accordait aucune importance à Hadia⃰ y compris sa progéniture. S’ajoute à son désarroi, le mépris que l’auteur de sa grossesse a pour lui. “J’ai accouché d’un garçon, le gars il était à Siguiri et de là-bas à Kankan c’est 115 km. Ma petite sœur l’a appelé pour l’informer que j’ai accouché. Sa maman est venue me saluer. Vu que j’ai souffert, j’ai dit de donner le prenom de mon grand frère à l’enfant, il a refusé et m’a coupé la parole. J’ai cédé par la suite, il a donné à l’enfant le prénom de son grand frère.

Ma tutrice m’obligeait d’aller chez eux. Elle disait de toute façon c’est chez mon enfant, tôt ou tard il ira. Vaut mieux m’adapter à ce moment. Quand je partais là-bas, le papa ne me considérait pas. Même quand je le salue, il ne répondait pas. C’est comme si je portais des excréments. Après l’accouchement j’ai emmené l’enfant à la maison mais quand sa femme le lui a présenté, il ne l’a pas regardé. Ce jour là, j’ai pleuré à l’intérieur, mais je me suis dit ça aller, j’ai beau enfant et lui va m’aider à vivre”, confie-t-elle.

A l’occasion d’un décès, son père est parti à Kankan avec une délégation de la famille. Elle a reçu conseils d’appeler son papa afin de lui presenter ses excuses. Consciente que celui-ci n’était pas content d’elle du fait qu’elle a fugué, elle a deviné qu’il n’allait pas répondre. Elle a finalement trouvé une astuce: celle de l’écrire des messages pour demander pardon. Étant un intellectuel, qu’il allait forcément les lire. «Je lui ai écrit des messages, vu qu’il était en famille, il s’est énervé, il a dit que j’ai disparu et qu’il ne sait pas où je suis. J’ai un oncle qui m’avait vu à Kankan. Il a dit qu’il sait où je suis. Ainsi, ma famille paternelle s’est mobilisée pour aller me chercher et porter plainte contre la famille qui m’a accueilli parce que pour eux, on ne peut pas accueillir quelqu’un sans le connaître. Et là j’étais inquiète”, indique Hadia⃰.

Ce problème a été réglé grâce à l’implication de son tuteur et un de ses amis.

Pour la prise en charge de son nourrisson, le jeune mettait du temps pour repondre à la solicitation de la mère de celui-ci. “Quand j’appelais le gars pour lui dire d’amener de l’argent pour le bébé puisque je ne me souciait pas de moi, plutôt de mon enfant. J’avais reçu des conseils de ne pas donner du lait au bébé, mais de lui faire tété, que c’est important. C’était pour les couches, les petits trucs, que je le demandais. Quand je lui dis que les couches sont finies, il ne peut m’envoyer l’argent qu’après une semaine. C’est pas parce qu’il n’en a pas, mais juste une manière de se comporter. Ma mère m’a aidé elle et quand l’enfant tombait malade, quand je l’appelait, c’est difficile avant m’envoie de l’argent. Mon enfant est tombé malade alors qu’il n’avait que quatre mois. J’ai appelé son papa, je lui ai dit que l’enfant est malade. Il me répond que comment est-ce que l’enfant ne pas être malade si je me fais tripoter par les gars dehors, quand je rentre à la maison je suis sale, que je touche son enfant avec mon corps sale, je le fais téter avec mon sein sale, du coup l’enfant peut tomber malade. Je lui ai dit tu as raison, tu as été le premier homme dans ma vie qui m’a deviergé et si tu te permets de me dire ça aujourd’hui, c’est parce que je t’ai donné mon corps, c’est pour cela que tu te permets de me dire ça”,regrette-t-elle.

Cette reaction du pere de son fils, n’a pas laisse la jeune mère indifferente. Apres s’etre plains chez la mere de celui-ci, elle a decidé d’amener son enfant à l’hopital pour des soins. Reproché par sa mere, le jeune pere prend l’initiative d’envoyer un de ses amis pour savoir si reellement le bébé est malade. “J’ai expliqué le cas à sa maman, elle m’a plaidé, de pardonner. J’avais de l’argent, j’ai amené mon enfant à l’hôpital, je l’ai soigné. Sa maman l’a appelé pour lui reprimender ça, le lendemain il a envoyé un de ses amis pour se rassurer que l’enfant est malade. Il pensait que je mentais et que c’est une manière de l’escroquer. Ce dernier l’a appelé pour lui dire que c’est évident l’enfant est malade. Il a envoyé de l’argent mais je n’ai pas touché, j’ai confié à ma grand-mère. Je ne voulais pas. Le lendemain je me suis battue pour l’enfant, il n’avait que quatre mois et vingt jours, mais il est décédé. Quand il est décédé, mon monde s’est écroulé. C’est à cause de lui je souffrais et c’est à cause de lui je me battais et je supportais les bêtises de son papa. Il était quelque chose sur laquelle je reposais.Le bébé pour lequel j’ai subi tout ça est décédé, ça m’a détruit. Je voulais voyager mais ma mère m’a dit de revenir reprendre les cours.

A travers ce temoignage de cette jeune mere, plusieurs filles ont ete victimes de situation pareille. Beaucoup ont ete detruites dans leurs interieurs occasionné par leur rejet de leur familles et de la societé. “Avoir un enfant hors mariage, c’est pas une fatalité, d’autres parents rejettent leurs enfants et c’est ça qui fait mal, parce que là tu es perdu tu n’as pas de soutien, tu es blessé surtout quand l’auteur de la grossesse ne te considère pas comme dans mon cas, ça fait mal. Mon enfant est décédé son papa ne lui a jamais vu et ne m’a pas adressé les condoléances”, souligne Hadia⃰.

Mohamed Diawara – Contributeur de Génération qui ose

Génération qui ose est une plateforme d’informations et de sensibilisation sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ), de promotion de l’émancipation des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre. Ce projet est porté par l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) et le ministère guinéen de la Jeunesse. Suivez-nous également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #GquiOse.

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