Je vois mon rêve d’être avocate brisé parce que je dois être vendue aux enchères pour que ma famille sorte de la misère. Je suis Karidjata*, élève en classe de 11e année Sciences Sociales. Je suis passionnée par le métier d’avocat. J’ai grandi avec mon père, ma mère et mes deux petits frères. Nous sommes une famille très modeste mais très soudée.

A l’âge de 16 ans, mon père voulait déjà que je quitte la maison familiale pour qu’il ait une bouche en moins à nourrir. Il m’insultait à chaque occasion et me rappelait que je constitue une poisse pour la famille, qu’il fallait désormais que je me marie. Le mariage n’était pas un problème pour moi. Mais avec qui vais-je me marier ? Est-ce que je pourrais jumeler études et foyer ? C’était ça mon inquiétude. Mais mon père, lui, avait déjà ciblé un homme très riche pour moi, sans que je ne sois informée.

Je ne l’aimait pas. Mais est-ce j’avais le choix ? On disait qu’il était très riche et il fallait coûte que coûte que je me marie à cet homme. Au début, il se montrait très protecteur et amoureux. Il m’a même promis que je vais poursuivre mes études jusqu’à la fin et que mon rêve d’être avocate allait se réaliser. Ce qui m’a fait garder espoir.

Les choses sont allées très vite et le mariage fut consommé. Je me suis installée dans la maison de mon mari, quelque enthousiaste car ses promesses m’avaient rassurée. Toutefois, mon rêve s’est vite brisé. Mon mari ne me considérait pas comme sa femme, mais plutôt comme une marchandise qu’il a achetée au marché. Et quand je voulais dire quelque chose, il me disait ce n’est pas son problème. Il me disait toujours si je crois être forte de retourner chez mes parents.

La situation devenait insupportable, donc je suis revenue chez mes parents. Et quand mon père m’a vue chez lui, il m’a dit que je n’avais pas ma place là-bas et qu’il fallait que je retourne chez mon mari sinon la famille allait mourir de faim. J’ai été choquée qu’on traite comme une marchandise. Je n’avais nulle part où aller, je suis devenue la chose de mon mari qui me manipulait à sa guise. Aucun respect, aucune considération et pas de preuve d’amour pour moi. J’en souffrait et j’en ai souffert durant des années.

J’ai arrêté les cours parce qu’il m’a interdit l’école. Ma vie s’est résumée à rester à la maison, cuisiner, faire le ménage et faire des enfants sans intervalle. J’ai vu mon rêve se brisé sous mes yeux et je n’ai rien pu faire pour l’empêcher parce qu’on m’a vendue comme une marchandise.

Aujourd’hui, en dix ans de mariage, j’ai fait six enfants. Ce qui m’a donné l’air très vieille, avec aucune situation. Mon mari me donne de l’argent en m’insultant, je ne peux même pas gagné 1 franc par moi parce que je ne travaille pas alors que j’ai plusieurs enfants à élever. Je vous partage mon histoire en espérant qu’elle puisse inspirer certains parents pour que les mariages précoces et forcés cessent.

*Nom volontairement changé pour protéger l’identité de la jeune femme qui a bien voulu nous partager son histoire

Témoignage recueilli par Jean Pierre Leno – Contributeur de Génération qui ose

Génération qui ose est une plateforme d’informations et de sensibilisation sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ), de promotion de l’émancipation des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre. Ce projet est porté par l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) et le ministère guinéen de la Jeunesse. Suivez-nous également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #GquiOse.

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