Rejetée par son entourage proche pour avoir porté le voile intégral

Le port du voile est un fait qui n’est pas apprécié par tout le monde en Guinée. Même au sein de la communauté musulmane, porter intégralement le voile est vu autrement par certaines personnes. Chacun apporte un jugement à cette pratique qui commence à dominer le cœur de certaines musulmanes. Malgré le fait que des critiques pleuvent sur celles qui portent la burqa, certaines s’estiment heureuses dans cet accoutrement propre à l’islam.

Oumou est une musulmane âgée de 17 ans, native d’une localité située dans le nord de la Guinée. Il y a un an, elle a décidé de porter le voile intégral contre le gré de sa famille. Pour réussir son projet, elle s’est cachée de ses parents et à l’aide de ceux qui lui apprennent à lire le coran, elle s’est engagée à mettre le voile de façon définitive.

Le prix à payer pour se voiler était d’abandonner les études. La Guinée, de par son caractère laïc, interdit le port du voile dans les écoles. C’est bien le sort qui a été réservé à Oumou quand elle a opté changer de mode vestimentaire. Cela a été un élément déclencheur pour son père qui a piqué une colère noire.

Administrateur d’État, ce père de famille voit en l’école le chemin menant à un avenir radieux. Après que sa fille lui ait mis devant les faits accomplis, sans son accord, il a décidé de sévir contre le choix de cette dernière qui, après neuf ans sur les bancs, fini par abandonner l’école. « J’ai aimé le voile depuis longtemps. Informer mes proches allait être un frein pour mon projet et c’est pour cela que j’ai porté le voile intégral sans dire à quelqu’un. Ma mère a été la seule à être au courant, mais elle est passée par d’autres pour me dissuader parce que je lui avais dit que j’allais abandonner l’école au profit de l’école coranique. Quand mon père a découvert que je me suis voilée intégralement, il m’a dit d’enlever. Lorsque je portais le voile, on m’avait dit que je ne devais plus renoncer au voile, raison pour laquelle ils m’ont interrogé plusieurs fois. Donc j’ai dit à papa que c’est impossible. Il a commencé à retirer mes voiles disant que ça le dérangeait. Qu’il est croyant comme tout bon musulman, seulement que s’il peut accepter, c’est un voile à moitié. Mais vue que je tenais à mon voile, il a fini par abandonner après avoir retiré quatre de ma collection de voiles », raconte-t-elle.

Selon la jeune élève, elle a cherché à expliquer les raisons de son choix, mais beaucoup voyaient cela comme mauvais. Elle a même quitté la maison pour aller se réfugier chez l’une de ses amies pendant plus d’une semaine. Parmi ses frères, il y avait certains qui se montraient compréhensibles et demandaient juste qu’elle retourne à l’école. Contrairement aux premiers, un autre de ses frères a juré de corriger sa jeune sœur pour avoir porté le voile.

C’est là qu’elle a commencé à mesurer l’ampleur de la stigmatisation dont elle faisait objet. Son entourage s’éloignait d’elle chaque jour un peu plus. « Porter le voile est vu par beaucoup comme un mal et il m’a fallu choisir le voile intégral pour s’en rendre compte. D’aucuns disent que les voilées sont des mauvaises personnes, certains évoquent que nous sommes armées de mauvaises intentions et d’autres aussi affirment clairement que nous suivons des hommes comme amants, que c’est pour cela que nous nous cachons derrière le voile. Parmi mes proches, il y en a qui m’ont coupé la parole, d’autres m’ont fermé leurs portes, et même aller jusqu’à me dire de ne plus aller passer les vacances chez eux. À l’école, les responsables ont indiqué que les textes ne me permettent pas de suivre les cours avec le voile intégral. Ça a été dit également que je n’aurai jamais de mari puisque personne ne peut m’épouser alors qu’il ne voit pas mon visage », ajoute Oumou.

Cherchant à satisfaire les demandes de ses parents qui n’ont pas aimé son retrait de l’école, elle est allée négocier avec les autorités éducatives de son école pour qu’elle puisse faire les évaluations de fin d’année. Chose qu’elles ont accepté mais uniquement pour la circonstance. L’année qui devait suivre, elle n’allait pas être admise dans cette école publique, selon leur accord.

Mais malgré les actions menées par Oumou pour satisfaire ses parents et son entourage, la jeune femme dit constater que la stigmatisation continue. Tout le monde souhaite la voir sans la ‘burqa’ bien qu’elle se plaise dans ce mode vestimentaire, dit-elle.

Mohamed Diawara – Contributeur de Génération qui ose

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