Octobre Rose : un mois, une couleur, une cause universelle…

Chaque année, le mois d’octobre se pare de rose à travers le monde pour sensibiliser à la lutte contre le cancer du sein et du col de l’utérus. Plus qu’une campagne, « Octobre Rose » est devenu un mouvement mondial d’information, de solidarité et de prévention autour d’un enjeu de santé publique majeur.

L’histoire d’« Octobre Rose » remonte à 1985, aux États-Unis, lorsque l’American Cancer Society et la société Imperial Chemical Industries lancent le « National Breast Cancer Awareness Month », un mois dédié à la sensibilisation au dépistage du cancer du sein. Sept ans plus tard, en 1992, Evelyn Lauder — vice-présidente du groupe Estée Lauder — et le magazine Self popularisent le ruban rose, désormais symbole international de cette cause. La couleur rose a été choisie pour sa douceur et sa symbolique liée à la féminité, mais aussi à l’espoir. Depuis, le mouvement a gagné la planète entière. En France, la première campagne « Le cancer du sein, parlons-en ! » a vu le jour en 1994, sous l’impulsion du magazine Marie Claire et du groupe Estée Lauder.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le cancer du sein est le plus fréquent chez la femme, avec environ 2,3 millions de nouveaux cas et 670 000 décès chaque année dans le monde. Pourtant, lorsqu’il est détecté à un stade précoce, les chances de guérison dépassent 90 %. L’objectif de la campagne Octobre Rose est donc clair : informer, encourager le dépistage et soutenir la recherche. Elle rappelle que le dépistage régulier, par examen clinique ou mammographie, demeure la clé pour réduire la mortalité liée à cette maladie. « En parler, c’est déjà agir », rappellent les professionnels de santé. En brisant les tabous autour du cancer, la campagne contribue à sauver des vies, surtout dans les pays où la peur, la honte ou le manque d’information freinent encore la consultation médicale.

Si le cancer du sein concerne principalement les femmes, il peut aussi affecter les hommes, qui représentent environ 1 % des cas. Les hommes possèdent, eux aussi, du tissu mammaire susceptible de développer une tumeur. Par ailleurs, les personnes transgenres et non binaires peuvent également être concernées, selon leur exposition hormonale. L’âge constitue le premier facteur de risque, le cancer du sein étant plus fréquent après 50 ans. D’autres facteurs, comme les antécédents familiaux, les mutations génétiques (BRCA1, BRCA2), le surpoids, la consommation d’alcool, le tabac ou la sédentarité, augmentent la probabilité d’apparition.

S’il n’existe pas de méthode infaillible pour éviter le cancer du sein, plusieurs habitudes peuvent réduire significativement les risques. Les spécialistes recommandent de limiter la consommation d’alcool, éviter le tabac, adopter une alimentation équilibrée riche en fruits et légumes, et pratiquer une activité physique régulière. L’allaitement, quand il est possible, est également reconnu comme un facteur protecteur. L’OMS estime qu’environ un quart des cas de cancer du sein pourraient être évités grâce à un mode de vie plus sain. Mais la prévention passe aussi par l’accès à des soins de qualité et à un dépistage régulier — un défi encore considérable dans de nombreux pays à faibles revenus.

En Guinée, les cas de cancer du sein et du col de l’utérus figurent parmi les plus fréquents chez les femmes, selon le Programme national de lutte contre le cancer. Pourtant, les structures de dépistage restent limitées et concentrées dans les grandes villes. Plusieurs ONG et institutions, avec le soutien du ministère de la Santé, organisent chaque année des campagnes de sensibilisation à l’occasion d’Octobre Rose. Objectif : informer les femmes sur l’autopalpation, encourager les examens réguliers et combattre la peur du diagnostic. Mais la bataille reste immense. Dans un pays où de nombreuses femmes consultent tardivement, souvent à un stade avancé de la maladie, l’enjeu est d’élargir la sensibilisation à toutes les couches sociales, y compris en milieu rural.

Au-delà des marches, des affiches et des rubans, Octobre Rose incarne un appel collectif à l’action. C’est un mois pour rappeler que la santé des femmes n’est pas une question secondaire, mais une priorité publique. « Chaque femme qui se fait dépister à temps est une victoire sur la maladie », soulignent les spécialistes. Porter du rose, c’est soutenir la recherche, encourager la prévention et redonner espoir à celles et ceux qui luttent. En octobre — et tout au long de l’année —, la couleur rose reste celle de la vie, du courage et de la solidarité.

Amadou Fak Kallo

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