Couturière, teinturière et saponificatrice, Mariame Camara est également la gérante de l’entreprise MAC Business SARLU. Habitant dans la ville de Fria, à près de 160 km au nord de Conakry, la jeune dame qui n’a pas fait l’école a pourtant des grands rêves pour lesquels elle se bat tous les jours. Pour pouvoir les réaliser, elle s’emploie à exercer plusieurs activités qui lui permettent d’assurer ses revenus. Génération qui ose l’a rencontrée…
A l’âge de neuf ans, elle perd sa maman. C’est sa tante maternelle qui l’élève. Elle grandit dans une famille wahhabite et fait l’école coranique. Son premier métier, Mariame Camara a commencé à l’exercer à Conakry après son mariage. Au terme de trois ans d’apprentissage, elle a obtenu son diplôme de couture. Elle ouvre ensuite son atelier de couture où elle apprend le métier à vingt autres jeunes filles.
La mutation de son mari à Fria en tant que directeur du Centre d’autonomisation et de perfectionnement des femmes lui permet de commencer une autre aventure. Mais une fois dans la ville minière, Mariame Camara ne se limite pas uniquement à la couture. « Pour la teinture, on a eu un contrat pour la Journée internationale des droits des femmes. On a demandé de confectionner des habits et les teindre pour habiller les femmes de Fria. Mais je ne savais pas faire ça. On a donc fait appel à des femmes à Kindia qui sont venues le faire ici. Pendant qu’elles travaillaient, je les regardais pour voir comment elles faisaient et je les suivais. Donc, quand elles sont reparties, j’ai commencé à pratiquer la teinture tout de suite. Et je peux le faire maintenant », se réjouit-elle.
Pour reprendre son métier de couturière à Fria, la jeune femme a juste fait venir les machines qu’elle utilisait à Conakry. Faire de la tontine sur place lui a également permis d’obtenir trois machines de plus. Sa maison lui sert d’atelier et de lieu de travail pour faire ses savons et confectionner ses habits. Elle s’est ainsi débrouillée avec les moyens de bord en attendant de trouver mieux.
Dans l’exercice de ce travail, elle rencontre pas mal de difficultés, notamment au niveau du matériel. « Le travail de couturière a beaucoup de difficultés parce que s’il n’y a pas de machines, les apprenties ne peuvent pas travailler. Mes apprenties font coudre le papier de farine. Si on se dit qu’il faut obligatoirement que les clients viennent pour qu’on travaille, on va être en retard car les clients ne sont pas réguliers. Donc, on travaille avec le papier de farine. Chaque lundi, j’achète le papier moi-même, je fais les découpages et elles m’observent, je trace au tableau et elles me regardent. Chaque mercredi, elles aussi font les achats elles-mêmes et copient ce que j’ai tracé et les font coudre. Quand il n’y a pas beaucoup de machines, les apprenties souffrent pour les coudre », explique la gérante de MAC Business SARLU.
Mariame Camara rencontre également des difficultés dans la saponification à cause du manque de matériel de travail. « Le matériel que j’utilise pour le savon et la teinture, je ne les gagne pas à Fria. Je les achète tous à Conakry. Même si ça concerne des produits de 20 000 ou 30 000 francs guinéens, je les trouvent pas à Fria ici. Il faut que j’envoie l’argent à Conakry et que je paie le transport pour qu’on me l’envoie », confie-t-elle. Mais dans ces deux activités, la jeune femme a su séduire de nombreux clients dont la plupart se trouvent à Conakry. Les réseaux sociaux sont au cœur de la stratégie marketing de la patronne de MAC Business SARLU. Elle photographie et publie sur les réseaux sociaux les produits qu’elle confectionne.
Comptabilisant actuellement 15 apprenties, Mariame Camara apprend à ces jeunes filles tous les métiers qu’elle connaît. Présente à Fria depuis quatre ans, elle n’a pu mettre en place sa petite entreprise qu’en février dernier. Aujourd’hui, ses savons se revendent dans les boutiques de Fria. Des vendeuses grossistes font également son bonheur en faisant des commandes auprès d’elle.
Âgée de 26 ans, la gérante de MAC Business SARLU a de nombreux projets qu’elle voudrait concrétiser. Toutefois, les moyens lui manquent. « Je voudrais ouvrir un endroit où travailler spécialement à part la maison. Deuxièmement, je voudrais – concernant les produits cosmétiques – aller à Dakar ou en Côte d’Ivoire pour les importer en Guinée, revendre certains et travailler avec d’autres (…) J’ai de la volonté. Je suis preneuse d’aide. Je veux qu’on me finance pour faire bien mes marchés. Je veux être une grande entrepreneure, ouvrir des usines de savon en Guinée mais surtout à Fria. J’ai ce rêve, mais je n’ai pas encore les moyens », a souligné la saponificatrice.
En attendant d’obtenir les moyens nécessaires pour prendre son envol, Mariame Camara continue de se former. Elle vient de terminer ainsi une formation pour la fabrication du savon noir et suit une autre sur la confection des serviettes hygiéniques locales. Avec plus de 200 filles formées à son actif, celle qui se fait aider et encourager par son mari invite les jeunes filles au travail. « Le conseil que je vais donner aux filles, c’est de faire le sérieux. Il faut que toutes les femmes fassent du sérieux pour qu’elles puissent apprendre. Que toutes les filles cessent d’attendre de l’argent facile », a conseillé la jeune entrepreneure.
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