Ce samedi 26 juillet 2025, l’activiste-féministe et autrice Kadiatou Konaté a procédé à la dédicace de son ouvrage Les mères de la liberté – Femmes et luttes pour l’indépendance en Guinée. Un livre qu’elle qualifie elle-même de « livre d’amour, d’encouragement et d’espoir », dans un monde où, trop souvent, l’héroïsme est attribué uniquement aux hommes.
Alors que la 17e édition des « 72h du Livre » s’est tenue cette année sous le thème « La puissance féminine », le livre de Kadiatou Konaté résonne comme un rappel fort : les femmes ne se limitent pas à la gestion des foyers ou à l’éducation domestique. Les mères de la liberté se veut un travail de mémoire, une œuvre de réflexion et de questionnement sur le matrimoine guinéen.
La cérémonie de dédicace s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités, des proches, de la famille de l’autrice, ainsi que de passionnés de littérature.
Prenant la parole, Kadiatou Konaté a expliqué ce qui l’a poussée à écrire ce livre. « À travers ce livre, ma mission est d’écrire, de transmettre l’histoire. Pour moi, c’est injuste qu’elles soient absentes, que leur histoire ne soit pas transmise… Mais ça ne se limite pas à ça. C’est aussi pour les femmes qui continuent de participer à la construction de notre cher pays, la Guinée, car elles n’ont jamais été en marge ».
Même si l’effacement des femmes dans les récits politiques n’est pas propre à la Guinée, Kadiatou Konaté regrette leur quasi-absence dans les histoires d’indépendance et dans la mémoire collective, malgré leurs sacrifices et leur rôle actif. « Ce livre, c’est ma manière de leur redonner leur place, de les sortir de l’oubli. C’est aussi pour mes sœurs, afin qu’elles sachent que la force et l’héroïsme ne sont pas réservés aux hommes. L’histoire de l’indépendance de la Guinée, c’est aussi avec les pagnes », insiste-t-elle.
Selon elle, les femmes méritent, au même titre que les hommes, d’être racontées, célébrées, aussi bien par les historiens que par la conscience collective. « Notre matrimoine mérite d’être transmis. Veillons sur cet héritage, continuons à le bâtir comme il se doit. Les Mères de la liberté, c’est un livre d’amour, d’encouragement et d’espoir », insiste l’autrice.
Une dédicace en présence de nombreuses personnes
La cérémonie a été marquée par les témoignages de nombreuses personnes ayant côtoyé la jeune militante, soulignant son parcours engagé, son humilité et sa capacité à inspirer les jeunes filles.
« Aujourd’hui, avec son ouvrage, cette femme qui force l’admiration par sa simplicité, sa détermination, son humilité et sa serviabilité doit inspirer beaucoup d’autres filles », a déclaré Hadja Maimouna Yombouno, première vice-présidente du Conseil National de la Transition (CNT).
L’événement a aussi donné lieu à un riche échange intergénérationnel sur la difficile transmission du matrimoine guinéen, animé par Kadiatou Konaté et Dr Safiatou Diallo, fondatrice du Centre International de Recherche et de Documentation (CIRD) et membre de l’Académie des sciences de Guinée.
Publié par L’Harmattan Guinée, Les mères de la liberté est un livre de 134 pages réparties en cinq chapitres. Le premier aborde la perception de l’autrice sur la place des femmes en politique, avec une analyse critique allant de la période coloniale à aujourd’hui. Le deuxième s’intéresse aux figures féminines emblématiques souvent citées dans les récits historiques. Le troisième met en lumière les femmes oubliées, à travers une cartographie de leurs actions, leur représentativité dans les régions, les préfectures et les communautés. Le quatrième chapitre examine leur rôle dans les marchés après l’indépendance, leur résistance et leurs revendications face à un système devenu défaillant. Le cinquième et dernier chapitre s’ouvre sur les actrices actuelles qui s’imposent, prennent leur place et contribuent activement à la construction de la Guinée contemporaine.
Elisabeth Zézé Guilavogui