Dans les sociétés africaines, surtout celle que je connais le mieux, la guinéenne, le simple fait de prononcer le nom d’un organe sexuel est mal vu et considéré comme un manque d’éducation. Alors que nous devons admettre que les années passent, la mondialisation est en pleine expansion, mais l’Afrique reste attachée à ses valeurs morales. Il est certes vrai que l’identité d’un peuple est faite de ses coutumes, traditions, mœurs, cultures… mais ne pensez-vous pas qu’il est temps de revoir certains pratiques et comportements ?

Les parents se préoccupent de l’éducation de leurs enfants sur de nombreux plans, mais oublient que le manque d’informations sur la sexualité est un danger permanent qui menace l’avenir de ces enfants. Vu que les parents ont mis une barrière sur ce sujet, les enfants se contentent d’en parler avec leurs amis. Or, ces derniers sont ignorants au même titre qu’eux. Un tel phénomène fait que la couche juvénile est plongée dans un manque d’éducation sexuelle notoire. Dans certains cas, une bonne partie de la jeunesse découvre le sexe à travers la télévision. Étant donné que ce canal n’est pas si informatif en la matière, ces adolescents se prennent mal à la chose et les conséquences sont dramatiques.

Le tabou sur la sexualité a des multiples conséquences

La conséquence la plus directe de ce phénomène est la fréquence des grossesses non-désirées que nous constatons dans nos communautés. De nos jours, il est impossible de ne pas rencontrer des jeunes filles du secondaire ou du lycée en grossesse et la plupart de ses filles sont victimes de grossesse non-désirée. Craignant leur famille respective ainsi que de voir leur avenir détruit, ces filles s’aventurent sur le périlleux terrain d’interruption clandestine de leur grossesse. Chaque année, plusieurs jeunes filles s’adonnent à cette pratique sans peser les lourdes conséquences qu’entrainent cette pratique. Il est très pathétique de voir que ces filles ne se fient pas à des soins de qualité. Elles se contentent d’avaler des pilules, souvent acquise de manière frauduleuse, dont l’efficacité demeure incertaine. Malheureusement, par manque d’information elles peuvent contracter des maladies sexuellement transmissibles (MST).

Les parents ont leur part de responsabilité dans cette situation

Que doivent faire les parents ? Je dirais que la première chose à faire est de lever le tabou sur ce sujet. Si c’est l’amour qui conduit au débat de la sexualité, il est opportun de commencer par cette étape. Discuter de l’amour avec les adolescents et les jeunes, leur donner des conseils pratiques et leur apprendre la manière de réagir sur le terrain. Cela les amènera à se confier à eux. Ensuite, passer à la vitesse supérieure en abordant la sexualité proprement dite. D’abord, qu’est ce que le sexe ? À quoi sert-il ? Leur expliquer ce dont ils sont capables à partir de la puberté, leur parler des transformations metamorphiques qu’ils subissent et à quoi sont dues ces transformations.

L’éducation sexuelle devrait être insérée dans le programme scolaire

L’école, en plus d’instruire et de qualifier, est un endroit où les jeunes interagissent et vivent plusieurs situations : les relations amoureuses, les amitiés, etc. Il est alors important d’insérer la sexualité dans le programme scolaire afin d’aider les jeunes à s’informer le maximum possible sur le sujet. Ceci contribuerait à aider cette jeunesse qui considère souvent les rapports sexuels comme un passe-temps favori, des moments de plaisir, ou encore un antistress. L’État étant responsable de l’éducation, il se doit alors de jouer le rôle qui est le sien en venant au secours de cette jeunesse. Cela est valable non seulement pour la jeunesse guinéenne mais aussi à celle africaine tendant vers une impasse dans la connaissance de la sexualité.

Yayé Ousmane Diallo, activiste de droits des femmes

Génération qui ose est une plateforme d’informations et de sensibilisation sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ), de promotion de l’émancipation des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre. Ce projet est porté par l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) et le ministère guinéen de la Jeunesse. Suivez-nous également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #GquiOse.

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