Dans la société guinéenne, la virginité avérée chez la jeune mariée est une chose prise en considération par certains beaux-parents. Plusieurs familles sont celles qui attendent le résultat issu de la nuit de noces entre les nouveaux mariés. L’annonce du résultat est toujours fêtée, la mariée magnifiée par des chants et danses au cas où l’époux découvre que sa nouvelle épouse est vierge. Pour une question de dignité, les uns et les autres jugent la moralité de la fille en fonction de ce que résulte la nuit de noces.

Une nuit de noces au cours de laquelle la mariée reçoit une calebasse contenant un tissu blanc pour recueillir le sang qui découlera de leur première nuit passée ensemble. Ce qui justifie la déchirure de l’hymen.

La Guinée est constituée de plusieurs ethnies. Beaucoup continuent ces pratiques relevant d’une vieille époque, en se basant sur la tradition. La question de virginité est présentée comme un fait qui valorise la femme dans son foyer. Il consiste à vérifier au juste si la jeune fille s’est bien comportée dans sa vie de célibat. Autrement dit, si elle était chaste.

C’est souvent le jour du mariage dans certaines communautés, ou une semaine pour d’autres, où les mariés se retrouvent dans leur chambre conjugale pour avoir leur première relation charnelle. Pendant ce temps, un groupe de femmes attendent l’issue de leur rapport sexuel. Si l’homme découvre que sa femme est restée chaste, la déchirure de l’hymen va provoquer un écoulement sanguin. Une toile blanche dressée sur le lit va recueillir le sang. Cela est enfin remis dans une calebasse et présenté aux parents de la fille afin de leur faire savoir qu’elle était vierge.

Mais cette pratique divise religieux et traditionalistes. « Selon mes analyses, c’est une bonne chose. Les religieux se contredisent sur cette pratique, mais j’apprécie cet acte à juste titre. Si on ne dévoile pas à tous que la fille avait gardé sa dignité, comment les autres filles vont tirer des leçons afin de s’abstenir avant le mariage ? Même si la religion l’interdit, il faut voir que son bien est plus que son mal, il faut la pratiquer alors. Nos parents savaient pourquoi ils ont imposé cela à chaque nouvelle mariée. C’est une phase test pour elle avant de commencer la vraie vie conjugale », estime Hamza.

En général, il est de coutume pour toute nouvelle mariée de faire face à cette épreuve. Si le mariage trouve qu’elle est déjà déflorée, elle est honnie et blâmée. Si la pratique demeure encore à travers certaines familles et le temps, force est de constater que celle-ci est désapprouvée par beaucoup de personnes et de religieux qui la trouvent malsaine et dévalorisante. « Le prophète Mohamed (PSL) a dit : ‘Fait partie de ceux qui seront punis le jour de la résurrection, l’homme qui entretient des relations sexuelles avec sa femme, Dieu les isole, ils restent dans une chambre enfermée, l’homme prend plaisir et la femme prend plaisir à l’insu de tout le monde, l’intéressé divulgue cela au grand jour’. Ces propos sont contraires à nos pratiques qui reviennent à divulguer le secret lié à la virginité de sa femme. C’est une erreur grave cette pratique. Il y a des pratiques qu’on peut faire, mais c’est si elles tirent leur source du Coran, de la Sunna ou des grands érudits. Je demanderait aux gens d’abandonner cela », lance un religieux interrogé dans le cadre de la rédaction de cet article.

Cet homme de Dieu souligne que le fait de découvrir la virginité de sa femme ne mérite pas d’être dévoilée publiquement. Il peut féliciter sa conjointe à travers des cadeaux pour exprimer sa joie. « Si tu épouses une femme et que tu découvres qu’elle est vierge, à toi de lui faire un cadeau (argent, voiture, vache…) pour lui signifier que tu es content d’elle. De nos jours, la virginité d’une fille est comme une semence rare à trouver. C’est de l’or, du diamant. Ce n’est pas facile de voir ni d’en trouver. Entre tes beaux-parents et toi, tu peux leur dire que leur fille a un bon comportement, une bonne attitude, que tu es content d’elle. Mais il ne faut pas dévoiler les secrets relatifs aux relations sexuelles », conseille-t-il.

Alors que la question de la virginité divise, la pratique persiste au sein de certaines communautés. Mais pour certaines personnes, le fait pour une fille d’avoir du sang après le premier rapport sexuel avec son mari ne prouve pas forcément qu’elle est d’une bonne moralité et celle qui n’en a pas n’est pas forcément d’une mauvaise moralité. Car, certaines femmes ne saignent pas lors de leur première fois. D’autres peuvent perdre leur dignité involontairement, en dehors d’un cadre sexuel. Sans oublier qu’il y en a qui se font reconstruire l’hymen à quelques jours de leur mariage. A ce titre, un dicton dit : « Autres temps, autres mœurs ». Ce qui fut autrefois une réalité tangible peut ne point être de nos jours qu’une illusion notoire.

Mohamed Diawara contributeur génération qui ose

Génération qui ose est une plateforme d’informations et de sensibilisation sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ), de promotion de l’émancipation des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre. Ce projet est porté par l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) et le ministère guinéen de la Jeunesse. Suivez-nous également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #GquiOse.

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