Amina, 20 ans et orpheline de père et de mère, est l’ainée d’une fratrie de deux enfants. A la mort de leurs parents, survenue à leur jeune âge, elle et son petit frère ont été adoptés par leur grand-mère maternelle. N’ayant pas eu la chance d’aller à l’école, à 15 ans, elle apprend la couture lors d’un séjour à Conakry qui aura duré trois ans. De retour au village, elle poursuit son métier avec son oncle qui est maitre tailleur.
Sage et polie, la jeune fille est d’une beauté remarquable. Timide et soumise, Amina passe pour une fille très appréciée par son entourage. Son comportement est l’arme qui attire le plus les prétendants. Plusieurs ont exprimé le désir de l’épouser, mais leurs demandes se sont heurtées au refus de ses oncles paternels qui, de leur côté, sont favorables à la demande d’un autre jeune homme vivant dans la diaspora. L’un des prétendants a pourtant déjà entamé les démarches sérieuses. Il s’est même présenté dans la famille pour officialiser sa demande. Le choix d’Amina est bien porté sur ce celui-ci car elle a vu en lui un homme qui saura la mettre à sa place. Malgré ce choix, sa famille ne l’entend pas d’une oreille et rejette ce prétendant et impose un autre qui n’a pas tapé l’œil de la jeune fille.
Depuis quelques temps, cette dernière a constaté un changement chez ses oncles paternels, en ce qui concerne le cas de son prétendant. Aucun ne se prononce sur la candidature de ce dernier, alors qu’il a déjà fait un premier pas. Pourtant, l’orpheline a choisi le jeune homme. Elle l’a fait savoir à tout le monde. En dépit de tout, ils ont décidé d’entamer des négociations avec un jeune vivant en France, très proche d’un membre de la famille. Ils ont remis les coordonnées d’Amina au ‘diaspo’ sans l’avoir informée. Aussitôt, le ‘diaspo’ a commencé à appeler la fille via WhatsApp et Messenger pour lui exprimer sa candidature. « Le jeune que j’aime s’est présenté chez nous accompagné de ses parents. Il s’est prononcé et j’ai accepté après. Ce n’est pas en cachette qu’il m’a demandée en mariage. Sauf que, récemment, j’ai reçu l’appel d’un jeune qui se dit être en France. Et qu’il agit sur ordre d’un oncle paternel. Son intention est de m’épouser et qu’il a déjà échangé avec ma famille. Qu’ils se sont entendus, il ne reste que moi », explique-t-elle, intriguée par l’attitude de ses oncles.
Ce fiancé auto-proclamé, a l’air de quelqu’un qui est soutenu par les oncles de la fille. Amina qui sait qu’elle est sa cible a entamé ses propres enquêtes pour en savoir plus sur le jeune. Des personnes bien renseignées lui ont fait savoir que ce prétendu fiancé n’est pas l’homme idéal pour l’épouser. Il serait un homme qui a un faible pour les femmes et la bière. Plus d’un ont reconnu cette réalité. « Je connais très bien les gens originaires de son village natal. Il a une première femme pour qui il n’a pas de considération. Ses agissements envers les femmes prouvent qu’il n’est pas un époux fidèle. Bien de gens m’ont affirmé que ce n’est pas l’homme qu’il me faut. En plus d’être un coureur de jupons, il a de l’addiction pour l’alcool. Mais le visage qu’il présente aux yeux de mes oncles est tout à fait contraire à ce que je sais de lui. Il se passe pour quelqu’un de poli, sage et respectueux », ajoute Amina.
La jeune fille a reçu une proposition d’entamer des démarches pour voyager en Europe. Elle a fait plusieurs aller-retour entre Conakry-Dakar, mais ses efforts sont restés sans suite favorable. Face à ce blocage, Amina a été soutenue par son ‘diaspo’ sans s’en rendre compte. Personne ne l’a informée. Mais dans ses recherches, elle a appris les détails de cette fameuse aide. C’était, en réalité, dans le but de l’aider à obtenir son visa afin qu’une fois arrivée à destination, le mariage allait être acté soit célébré entre deux. L’innocente a été sauvée par un proche de ce prétendant qui ne partageait pas ce projet. « Il était question de me financer dans mes démarches. Lorsque je vais arriver en Europe, ils allaient bloquer mes documents et me marier à lui comme ils l’avaient programmé. Je devais aller en Italie et lui il est en France. Je n’ai jamais su que c’est lui qui payait l’argent. Mes différents déplacements sur Dakar étaient assurés par lui et moi je pensais que c’était mon petit-frère. Un matin, je reçois un vocal sur WhatsApp d’un inconnu qui dit vouloir me parler urgemment. J’ai appelé l’intéressé qui m’a donné tout le plan mis en place pour que je tombe dans leurs filets. J’ai renoncé à mon projet de voyage sans faire savoir à mes proches que j’ai compris ce qui se préparait à mon insu », se résigne-t-elle.
Son refus catégorique d’épouser cet homme vivant en France a indigné plus d’un dans son entourage. Le prétendant a pris l’initiative d’appeler pour proférer des menaces afin de dissuader la fille et la faire changer d’avis. Il affirmait que « de gré ou de force », je serais son épouse.
Par ailleurs, durant cette période trouble entre Amina et ses oncles paternels, l’élu du cœur de l’orpheline qui avait eu connaissance de la situation, observait les choses en attendant d’être situé sur son sort. Amina l’aimait et la mère du jeune disait que c’est une fille digne qu’il a choisie, d’où l’idée de donner du temps à sa future belle-fille afin qu’elle se comprenne avec sa famille. Malgré cette longue attente, les oncles paternels d’Amina n’ont pas accepté le choix de leur nièce. Selon eux, refuser leur proposition revient à dire qu’elle les a défiés. Pour apaiser leur colère, il demande à Amina de renoncer à son prétendant. Là, ils seront tous à égalité parfaite. Libre à elle de conquérir à nouveau le cœur d’un autre jeune homme. « Ils refusent que j’épouse l’homme de mon choix comme j’ai refusé un ‶diaspo″. Ce n’est pas l’argent que j’ai choisi, mais l’amour sincère. Je leur ai dit que cet homme n’est pas celui qu’ils pensent être mais aucun ne veut l’entendre de cette oreille. C’est une façon de me dire que si je n’épouse pas le jeune qui vit en France, l’homme qui veut de moi, ne va pas m’épouser », regrette Amina.
Durant des jours, la jeune demoiselle n’a pas fermer l’œil la nuit et passait toute la journée à pleurer. Un chagrin qu’elle va porter pour longtemps, pense-t-elle, et dont la plaie mettra encore du temps avant de se cicatriser.
Mohamed Diawara – Contributeur de Génération qui ose
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