La troisième édition du concours “Filme la Guinéenne qui t’inspire” a connu son épilogue ce jeudi, 3 juillet 2025, à Conakry. Le centre culturel franco-guinéen a servi de cadre à cette rencontre. L’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI), initiatrice de ce concours, est accompagnée par l’Ambassade de France en Guinée et en Sierra Leone. Une soirée qui a marqué le public par sa particularité, mettant la femme guinéenne à l’honneur.
Lancée le 8 mars 2025, cette troisième édition – comme les éditions précédentes – avait pour but de mettre en lumière la femme guinéenne connue ou travaillant dans l’ombre qui inspire, notamment les jeunes. Le thème de cette année était : « Des luttes visibles et invisibles ». Etaient présentes à la cérémonie plusieurs personnalités dont des femmes guinéennes qui ont marqué à travers leur parcours, mais aussi d’autres qui ont mis certaines en lumière à travers leurs vidéos.
Des centaines de personnes étaient réunies pour cette cérémonie de clôture. Certaines pour assister, accompagner un candidat, d’autres sont des candidats nourris d’espoir de se retrouver sur la liste des vainqueurs. La cérémonie a démarré par une présentation artistique de jeunes filles du Club des jeunes filles leaders de Guinée qui, à travers une poésie orale, ont dénoncé une fois de plus les violences basées sur le genre dans le pays. Devant un auditoire tout attentif, elles ont égayé tout le monde. Un public acquis à leur cause, ces slameuses ont dénoncé les maux dont souffrent les femmes guinéennes, teintés d’émotions, de tristesse, de colère mais surtout d’appel à une prise de conscience pour dire non aux violences basées sur le genre.
Le président de l’ABLOGUI, Mamoudou Baro Condé, est revenu sur l’historique de ce concours qui met les femmes guinéennes en valeur depuis maintenant trois ans. Il a rappelé le bien fondé de l’initiative. « Chaque année, le concours est lancé le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Il s’inscrit dans une dynamique culturelle, artistique et citoyenne avec pour ambition de changer les regards, éveiller les consciences et rendre hommage à celles qui inspirent, bâtissent et font avancer la Guinée », a-t-il indiqué.
Il a salué l’engouement autour de ce concours depuis sa création, les candidatures prenant une ascension remarquable. De 37 candidatures en 2023, 43 en 2024, on est arrivé à 95 vidéos soumises en 2025. Une preuve croissante de l’engagement des jeunes de Guinée autour de cette initiative, précise Mamoudou Baro Condé. Ces productions audiovisuelles enregistrées dans le cadre de cette troisième édition ont touché plus de 700000 personnes sur Facebook à la date du 22 avril 2025.« Ce chiffre au-delà de sa portée numérique, témoigne d’un impact culturel et social réel », a-t-il estimé. « Je tiens à saluer chaleureusement tous les candidats pour leur talent, leur créativité et la sincérité avec laquelle ils ont mis en lumière des femmes inspirantes, exceptionnelles, de véritables éclaireuses de notre société. Personnellement, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir les vidéos des candidats. Elles m’ont permis de voir autrement les femmes que je connais ou d’en découvrir d’autres, qui sont toutes aussi admirables », a conclu M. Condé.
Présent à la cérémonie, l’Ambassadeur de la France en Guinée et en Sierra Léone a pris la parole dans un ton ferme et parfois teinté d’humour. Il salué les efforts des organisateurs de ce concours. « On a confiance en notre partenaire ABLOGUI qui a beaucoup fait en Guinée pour les droits des femmes en particulier avec sa plateforme « Génération qui ose » et désormais l’application mobile [GquiOse] (…) Je vous recommande de la mettre sur vos smartphones parce que c’est la promotion de la santé sexuelle et reproductive (….) », a lancé le diplomate français.
Poursuivant, il a indiqué que ce concours « mêle intelligemment les questions féminines souvent invisibilisées et le thème de cette année (“Des luttes visibles et invisibles »), c’est vraiment très important (…) Il y a un grand tsunami qui arrive qui est l’intelligence artificielle et donc il faut absolument que dans les bases de données que va chercher l’intelligence artificielle, on y évite les biais concernant les questions des femmes. Cette question féminine est liée à la question de l’imaginaire parce que comme nos jeunes artistes l’ont prouvé [à travers leur prestation sur scène], un texte, une vidéo d’une minute 50 secondes [ou] de trois minutes est parfois beaucoup plus forte que des longs mots. Et ça, c’est vraiment la question de la souveraineté imaginaire. Les femmes doivent reprendre possession de leur propre récit, elles doivent nous montrer leurs propres images », a insisté Luc Briard.
Après les discours officiels, est venu le moment de la remise des prix aux lauréats et suivi de la projection des cinq vidéos primées. La salle toute silencieuse, impatiente suivait et écoutait attentivement le cours normal des vidéos riches en couleurs, d’émotions et de surprises, gardant parfois le public dans un suspense. Quelques minutes se sont égrainées et à la fin, le lauréat qui occupe la première place de ceux qui ont porté haut le flambeau de la femme guinéenne a été révélé.
- 1er prix du jury
La vidéo rend hommage aux héroïnes anonymes : ces femmes guinéennes qui luttent dans l’ombre, sans reconnaissance ni gloire. À travers sa caméra, la réalisatrice plonge dans l’univers silencieux des veuves guinéennes, ces piliers familiaux invisibles qui portent à elles seules le poids de toute une vie. Elle met en lumière le quotidien d’une femme veuve sans instruction, mais résolument engagée à maintenir ses enfants à l’école.
En toile de fond, le film aborde aussi les défis environnementaux : l’accès difficile à l’eau, l’agriculture précaire sur une terre pourtant fertile, et la résilience de celles qui tiennent bon, malgré tout. Et le film lauréat qui nous livre ce récit bouleversant est « Doussou, une héroïne silencieuse », réalisé par M’mahawa Soumah.
- 2eme prix du jury
Dans la vidéo, une jeune fille part en quête d’archives familiales et découvre bien plus qu’un souvenir : elle rencontre une femme guinéenne inspirante qui a su transformer l’héritage informel de ses parents en un projet de vie. Le film aborde avec sensibilité les thèmes de la transmission, du partage, et de la générosité, à travers le portrait d’une Guinéenne dont le parcours force l’admiration. C’est un récit inspirant sur ce que veut dire “Donner un sens à ce que l’on reçoit”.
Et le film lauréat du 2ème prix du jury est Anne Marie Sacko, ombre et lumière, réalisé par Salimatou Barry.
- Prix spécial de l’Ambassadeur de la France en Guinée
C’est un voyage au cœur du quotidien d’une femme aux multiples casquettes. À travers le regard engagé de la réalisatrice, se dessine le portrait d’une femme forte qui transmet à sa fille un message d’espoir, de courage et d’émancipation. Dans une société fortement patriarcale, elle prépare la prochaine génération de femmes à ne pas se laisser enfermer dans les normes imposées — celles du ménage, des rôles figés, des constructions sociales sur ce que « doit » être une femme.
Le filme s’intitule “𝗖𝗲𝗹𝗹𝗲 𝗾𝘂’𝗼𝗻 𝘃𝗼𝗶𝘁 𝗺𝗮𝗶𝘀 𝗾𝘂’𝗼𝗻 𝗻𝗲 𝗿𝗲𝗴𝗮𝗿𝗱𝗲 𝗽𝗮𝘀” réalisé par Roquia Komah.
- Prix spécial jeunesse
Ce court-métrage est un hommage à celles qui voient loin, à celles qui plantent des graines d’avenir dans le cœur des plus jeunes.
Portée par une quête de reconnaissance, une jeune fille part à la rencontre de son mentor — une femme guinéenne qui, depuis sept ans, s’engage avec passion pour révéler le potentiel souvent oublié des enfants. Un récit de transmission, de gratitude et d’inspiration.
Ce film lauréat du prix jeunesse est ‘’L’architecte d’avenir’’ réalisé par Fanta Diané, élève en 12ème année.
- Prix du Grand public
Cette vidéo met en lumière le parcours inspirant d’une étudiante entrepreneuse qui a fait le pari audacieux de devenir mécanicienne — un métier où les femmes sont encore trop peu présentes. Elle brise les stéréotypes de genre avec détermination, prouvant que rien n’est hors de portée.
À travers un reportage sensible, un jeune homme part à sa rencontre pour mieux comprendre son engagement. Le public l’a adoré…
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(Chiffres arrêtés à la date du 22 avril 2025)
Le titre du filme lauréat est ‘’La femme et son métier’’ réalisé par Alhassane Baldé, étudiant à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia Conakry.
Les lauréats ont obtenu des kits de tournage vidéo (smartphones, trépieds, micro cravate ou caméras professionnelles).
Mohamed Diawara