Donner le choix à la femme d’être ce qu’elle veut, en étant maitresse de son destin, voilà la voie que Nanette Touré compte montrer, à travers le concept ‘Je prends le pouvoir’. Pour en savoir davantage sur ce concept engagé, Génération qui ose est allée à la rencontre de cette entrepreneure et militante. Interview…

Génération qui ose : C’est quoi le concept ‘’Je prends le pouvoir’’ ?

Nanette Touré : ‘’Je prends le pouvoir’’, c’est un mouvement qui a été mis en œuvre ce mois de mars et qui continue sur la problématique des conditions de vie des femmes qui restent essentielles en Guinée. Énormément de femmes subissent des abus. Que cela soit dans le cadre familial, professionnel et même de la société elle-même. Donc, il était important de partir sur des constats assez spécifiques et surtout en ayant à l’esprit qu’il faut des étapes pour résoudre ces différentes problématiques.

J’ai jugé nécessaire que la première étape c’était de leur faire prendre conscience d’abord de ce que les femmes ont en elles comme pouvoir, comme possibilité et surtout ce qu’elles peuvent faire pour elles-mêmes et à leurs niveaux. ‘’Je prends le pouvoir’’ vient d’abord dans ce sens. Une prise de conscience directe des différentes femmes et ensuite, une prise de conscience des possibilités qui s’offrent à nous. Donc, ‘’Je prends le pouvoir’’ sur mes choix, ‘’je prends le pouvoir’’ sur mon avenir et ‘’Je prends le pouvoir’’ sur mes droits. C’est-à-dire, je suis en tant que femme autant qu’un homme dans cette société ou dans le pays, libre de savoir quel métier j’ai envie de faire. Libre de savoir quelle formation j’ai envie de faire. Et surtout libre de savoir si j’ai envie de me marier ou pas. Si je veux faire des enfants ou pas. Quand est-ce que je dois les faire. C’est à moi d’en faire le choix. Et aussi par rapport à la vie sociale, à la vie politique, à la vie économique, qu’en tant que femme, je peux participer.  Participer, ce n’est pas être juste spectatrice. Participer, ce que je peux faire comme activité économique. Je peux créer. Je peux être ouvrière. Je peux être une artiste. Je peux être celle que je veux, parce que je fais partie de cet ensemble.

Est-ce qu’il est facile de ‘’Prendre le pouvoir’’ dans une société patriarcale, comme la nôtre ?

C’est comme si on disait : est-ce qu’il a été facile d’être libre ? Rien n’est facile, mais quand on veut, moi je pense qu’on peut. C’est pourquoi il faut commencer par le départ. On ne peut rien changer pour qui que ce soit, si cette personne même n’a pas la volonté d’avoir ce changement-là. Ça ne sera pas facile, mais c’est possible.

Quel est le but final de l’initiative de ‘’Prendre le pouvoir’’ ?

C’est d’abord un développement personnel, c’est d’abord fleureté en tant que femme avec toutes les possibilités qui s’offrent à nous. Et aussi, c’est pouvoir mener des sensibilisations au niveau des différentes familles, sur la place de la femme au sein de la famille, au sein de la société. C’est aussi un plaidoyer qui permet de faire en sorte qu’il y ait une prise de conscience générale sur le fait que les droits des femmes sont aussi les droits de l’Homme.

Quels sont les retours que vous avez eus depuis le lancement de ce concept ?

Les retours sont plutôt positifs au niveau de la jeune génération, au niveau des femmes aussi. Il y a eu aussi beaucoup d’encouragement au niveau des générations beaucoup plus âgées que nous. Mais ce qu’il faut retenir par exemple, c’est qu’il n’y a pas eu beaucoup d’implication au niveau des institutions, au niveau des entreprises, au niveau des groupements. Ça, ça manque beaucoup en fait. C’est comme si dans la société, la cause de la femme n’intéresse que quand c’est quelque chose de négatif et qu’on vient pour résoudre tout de suite un problème. Mais à partir du moment où la femme tient un discours ou elle dit “je veux participer, j’ai la capacité”, beh là, tout le monde s’assoie et regarde. Une façon de dire qu’on va bien voir ce que vous allez faire. Mais ce n’est pas grave. L’important aujourd’hui, ce qu’il y a énormément de femmes et de jeunes filles qui ont repris ce concept, qui se sont exprimées depuis les deux semaines qui se sont passées en utilisant ce hashtag #JePrendsLePouvoir, il y en a énormément qui ont utilisé le logo, les visuelles pour s’exprimer, pour libérer la parole, pour raconter ce qu’elles ont vécues, pour partager leurs expériences. Donc, c’est déjà un processus qui est en marche.

Génération qui ose est une plateforme d’informations et de sensibilisation sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ), de promotion de l’émancipation des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre. Ce projet est porté par l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) et le ministère guinéen de la Jeunesse. Suivez-nous également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #GquiOse.

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