Ciné-débat à Conakry : les filles en première ligne contre le mariage d’enfants

À l’occasion de la Journée internationale de la fille, célébrée en différé ce 17 octobre 2025, le Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée (CJFLG) et Plan International Guinée ont organisé un ciné-débat placé sous le thème : « Écouter les filles, agir avec elles ». L’événement, tenu au Centre Culturel Franco-Guinéen, a rassemblé jeunes filles, autorités, partenaires techniques et figures communautaires pour réfléchir collectivement aux moyens de renforcer la lutte contre le mariage des enfants.

Ce ciné-débat s’inscrivait dans la campagne mondiale de célébration des filles comme actrices du changement. À travers des projections, des slams et des échanges, l’objectif était de sensibiliser sur les conséquences du mariage précoce, de valoriser la parole des filles et de favoriser un dialogue intergénérationnel sur la prévention des violences basées sur le genre. « Nous voulons montrer que les filles ne sont pas seulement victimes, mais aussi leaders et porteuses de solutions », a déclaré Oumou Khaïry Diallo, directrice exécutive du CJFLG, en ouverture de la rencontre.

Des réalités toujours préoccupantes

Selon les données rappelées par les organisateurs, 95 % des femmes guinéennes âgées de 15 à 49 ans ont subi des mutilations génitales féminines, et près de la moitié des filles se marient avant 18 ans. Le mariage précoce entraîne des conséquences graves : grossesses précoces, abandon scolaire et dépendance économique. « Ces chiffres ne sont pas que des statistiques », a insisté Tiranké Kaba, directrice nationale adjointe de la Promotion féminine et du Genre, représentant la ministre de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables. Elle a souligné la nécessité d’une « mobilisation accrue pour l’application des lois et la protection des droits des adolescentes ».

Le moment fort de la journée a été la scène de théâtre et le slam, interprétés par de jeunes filles membres du Club, décrivant avec intensité les frustrations et les espoirs d’une génération décidée à rompre le silence. « Nous sommes la voix de celles qu’on n’écoute pas », a lancé l’une des slameuses, sous les applaudissements du public.

Le documentaire intitulé Seleelan, réalisé par la Fondation Soul Bang’s et Manamba, a ensuite été projeté, donnant lieu à un débat animé sur les moyens concrets d’impliquer les communautés dans la prévention des mariages précoces.

Lors du panel-débat, plusieurs intervenantes ont partagé leurs perspectives. Une représentante de Plan International Guinée a, pour sa part, souligné l’importance de l’éducation et de l’autonomisation économique pour mettre fin aux mariages d’enfants : « Investir dans les filles, c’est investir dans l’avenir du pays ».

Des engagements partagés

L’activité s’est conclue sur des fortes recommandations, notamment la création d’espaces communautaires de dialogue, l’accompagnement des filles leaders dans le plaidoyer local et la poursuite des campagnes de sensibilisation dans les écoles et les quartiers. « Nous voulons que les paroles d’aujourd’hui deviennent des actions demain », a résumé une participante, exprimant la volonté collective de transformer les promesses en politiques concrètes.

Ce ciné-débat a offert plus qu’un moment de commémoration : une tribune pour que les filles guinéennes soient reconnues comme des actrices de changement, en première ligne dans la lutte contre le mariage d’enfants et pour l’égalité des chances.

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