Cancer du sein : causes, symptômes et prévention, voici ce qu’il faut savoir sur cet ennemi silencieux

Le cancer du sein est caractérisé par la croissance incontrôlée de cellules mammaires anormales qui forment alors des tumeurs. Si rien n’est fait, les tumeurs peuvent se propager dans l’organisme et avoir une issue fatale sur la femme atteinte. En Guinée, en 2022, selon l’ex-ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Mamadou Pèthè Diallo, plus de 700 nouveaux cas de cancer du sein pour 400 décès ont été enregistrés dans le pays. Ce qui fait de cette maladie un véritable problème de santé publique. Pour l’aborder, notre contributrice Elisabeth Zézé Guilavogui a rencontré Pr Bangaly Traoré, chef du Service de cancérologie à l’hôpital national Donka et coordinateur du Programme national de lutte contre le cancer. Il nous en dit plus sur la maladie. Entretien…

Quels sont les facteurs de risque de cette maladie ?

Il y a le mode de vie qui est lié à l’alimentation pauvre en fruits et légumes. Les femmes consomment souvent plus fréquemment les aliments gras et plus de protéine. Donc, c’est une alimentation déséquilibrée. Il y a le manque d’activité physique régulière et parfois la consommation de tabac. Ça, ce sont les facteurs qui sont associés au mode de vie. Il y a aussi des maladies qui prédisposent au cancer du sein, notamment les maladies génétiques et certaines maladies du sein qu’on appelle des hyperplasies atypiques. Ce sont des nodules qui sont atypiques et qui peuvent évoluer vers le cancer du sein. Le cancer du sein est une maladie qui est également liée à l’âge. Plus l’âge est avancé, plus le risque de développer le cancer du sein est élevé.

Quels sont les symptômes du cancer du sein ?

Il y a trois symptômes dont un majeur. Dans 85% des cas, c’est d’abord une boule qui apparaît dans le sein. Ensuite, il y a certaines femmes qui peuvent observer un écoulement au niveau du mamelon ou une plaie qui apparaît sur le mamelon et évolue pendant plus d’un mois. Ce sont des signes d’alerte mais elles ne signifient pas forcément cancer du sein.

Le cancer du sein est une maladie assez répandue chez les femmes. Mais sont-elles les seules affectées ?

Le cancer du sein atteint les femmes et les hommes. Mais plus fréquemment, c’est la femme qui touchée dans une proportion de 90 à 98% des cas.

Quelles est la tranche d’âge la plus exposée au niveau des femmes ?

Pour les femmes en Guinée, l’âge moyen c’est autour de 48 ans.

Comment prévenir le cancer du sein?

La prévention consiste en l’adoption d’un mode de vie sain, d’une alimentation équilibrée, d’une consommation régulière des fruits et légumes. Il faut consommer moins gras et moins de protéines, pratiquer une activité physique régulière et ne pas consommer le tabac sous quelque forme que ce soit. Ça, c’est la prévention primaire.

Pour la prévention secondaire, il faut éviter des cas de diagnostic tardifs des cancers du sein. Il faut promouvoir le diagnostic précoce, se soumettre au dépistage pour que la maladie puisse être détectée tôt, à un stade précoce qui permet d’offrir un traitement adéquat et de qualité pour obtenir la guérison.

Comment se fait la prise en charge en Guinée des personnes atteintes de cancer du sein ?

La prise en charge est à la charge de la femme ou de la famille. Nous offrons des services de dépistage au niveau de nos différentes structures. Nous faisons le traitement chirurgical et la chimiothérapie également.

Pour les malades qui doivent faire la radiothérapie, nous leur proposons l’évacuation sanitaire. Il y a de nouvelles thérapies que nous commençons petit à petit. C’est la thérapie ciblée. Il y a également l’hormonothérapie que nous faisons sur place.

Pour prévenir le cancer, faut-il en plus de l’autopalpation se faire sucer le sein par son partenaire, comme le recommandent certaines personnes ?

Non, ce n’est pas vrai. L’allaitement maternel est une chose, sucer le sein c’est autre chose. L’allaitement maternel, c’est que le bébé est nourri par le sein. Généralement, la majorité des femmes tant qu’elles allaitent leurs enfants ne voient pas les menstruations. Donc, elles ne sont pas soumises à l’imprégnation œstrogénique. Les œstrogènes sont les hormones qui favorisent l’apparition du cancer du sein. Donc, si l’œstrogène est moins secrétée, il y a moins d’imprégnation œstrogénique, donc moins de risque de prédisposition des cellules mammaires à la stimulation hormonale, donc oestrogénique. C’est pour cela que l’allaitement prévient le cancer du sein. Faire beaucoup d’enfants prédispose moins au cancer du sein.

Que conseillez-vous aux personnes qui font recours à la médecine traditionnelle pour traiter le cancer du sein ?

La médecine traditionnelle a ses vertus, mais tous les cas de cancer du sein qui sont jusque là passés chez des tradithérapeutes ont, à ma connaissance, toujours aggravé leur situation avant de nous revenir. La médecine traditionnelle aggrave plutôt la situation.

Que recommandez-vous aux femmes et à leurs conjoints pour prévenir le cancer?

Si le conjoint fume, qu’il arrête de fumer et d’enfumer la famille. Je conseille à la femme de se soumettre au dépistage, car il permet de sauver des vies. Le cancer du sein est une maladie qui évolue pendant très longtemps silencieusement et sans aucun symptômes, avec toutes les possibilités de découvrir la maladie à travers des examens simples : l’auto-examen fait par la femme elle-même, l’examen clinique réalisé par un professionnel de santé dans une structure de santé pour une consultation pour la maladie mammaire ou alors la mammographie qui permet de découvrir précocement la maladie.

Je conseille aux hommes d’aider les femmes à se palper les seins. S’il y a des anomalies, qu’ils les signalent à temps. Ça permet de sauver la vie des êtres qui leur sont chers.

A quelle fréquence faut-il faire le dépistage du cancer du sein ?

A partir de 25 ans, c’est l’autopalpation qu’on conseille à la fin de chaque menstruation pour les femmes qui sont réglées. Pour les femmes dans la quarantaine, on peut conseiller la mammographie une fois tous les cinq ans.

Propos recueillis par Elisabeth Zézé Guilavogui – Contributrice de Génération qui ose

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