Chaque année, pendant le mois d’octobre, l’humanité se mobilise à travers la campagne « Octobre rose » pour sensibiliser, dépister et soutenir la lutte contre le cancer du sein. En Guinée, malgré les campagnes d’information, de nombreuses femmes continuent de faire face à la maladie dans la solitude et le dénuement. À Kankan, l’histoire de Binta Diallo illustre avec douleur cette réalité.
Depuis plus de trois ans, cette mère de famille, habitant le quartier Bordo, secteur 3, se bat contre un cancer du sein qui a profondément affaibli son corps. Alitée dans une modeste demeure, elle endure chaque jour les souffrances d’une maladie qui progresse, faute de moyens pour accéder à un traitement approprié. « Je ressens trop de douleurs. Cela fait plus de trois ans que je vis avec cette maladie. Mon mari et moi n’avons pas les moyens nécessaires pour la soigner. Je suis fatiguée et je n’ai pas de soutien. Aidez-moi, je ne veux pas quitter mes enfants », confie-t-elle, les larmes aux yeux.
Son époux, Ibrahima Konaté, ancien militaire à la retraite, tente de subvenir aux besoins du foyer avec une pension dérisoire. « Ma femme est malade du cancer du sein. Nous avons essayé plusieurs structures sanitaires, mais le coût du traitement est trop élevé. Nous avons aussi tenté des soins traditionnels, sans succès. Aujourd’hui, je demande au président Mamadi Doumbouya de nous venir en aide », lance-t-il.
Le parcours de Binta Diallo met en lumière les inégalités criantes d’accès aux soins dans les régions de l’intérieur du pays. Là où les services de dépistage sont rares et les structures de traitement insuffisantes, le cancer du sein devient souvent une condamnation silencieuse.
Pourtant, en ce mois d’« Octobre rose », symbole d’espoir et de solidarité, quelques gestes viennent redonner un peu de lumière. Une délégation de l’Inspection régionale de l’action sociale, de la Promotion féminine et des Personnes vulnérables de Kankan s’est rendue au chevet de la malade pour lui remettre une enveloppe de 20 millions de francs guinéens, don de Kadija Design, une entreprise de mode solidaire installée à Conakry.
Par ailleurs, selon des informations obtenues auprès de sa famille, la Présidence de la République, à travers le Fonds de l’indulgence, envisage de transférer Binta Diallo vers Conakry pour une meilleure prise en charge médicale.
Alors que les campagnes de sensibilisation rappellent l’importance du dépistage précoce, le cas de Binta Diallo rappelle une autre urgence : celle de renforcer les infrastructures médicales régionales et de rendre les soins accessibles à toutes les femmes, où qu’elles vivent. Car derrière chaque ruban rose, il y a des visages, des vies et des familles qui se battent pour survivre.
Le cancer du sein : un danger silencieux mais redoutable
Le cancer du sein demeure l’un des fléaux les plus préoccupants de santé publique, touchant des milliers de femmes à travers le monde et en Guinée. Souvent silencieuse à ses débuts, la maladie se développe sans signes apparents avant de se manifester par des douleurs, des nodules ou des changements physiques au niveau du sein. Lorsqu’il n’est pas diagnostiqué à temps, le cancer se propage vers d’autres organes, rendant le traitement plus difficile et les chances de survie plus faibles. Au-delà de ses effets physiques, il entraîne également des conséquences psychologiques et sociales considérables, notamment l’isolement, la peur et la perte de confiance en soi.
Le dépistage précoce reste la meilleure arme pour lutter contre cette maladie. Il permet d’identifier le cancer à un stade initial, où les traitements sont plus efficaces et les chances de guérison élevées. Les femmes sont invitées à pratiquer régulièrement l’auto-examen des seins et à consulter un professionnel de santé dès la moindre anomalie observée. Les campagnes de sensibilisation, comme celles d’« Octobre rose », jouent un rôle crucial dans la diffusion de ces messages et dans la déconstruction des tabous qui entourent encore la maladie dans certaines communautés.
Enfin, la prise en charge rapide et adaptée est déterminante pour accroître les chances de guérison. L’accès aux traitements modernes (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie ou hormonothérapie) reste toutefois limité dans plusieurs régions du pays. D’où la nécessité pour les autorités sanitaires et les partenaires de développement de renforcer les infrastructures médicales et de rendre ces soins accessibles à toutes les femmes, quel que soit leur lieu de résidence. Lutter contre le cancer du sein, c’est protéger la vie, la dignité et l’avenir de milliers de femmes guinéennes.