Un phénomène qui prend de l’ampleur…
Les cas de violences sexuelles sur mineurs se multiplient à Conakry comme dans les régions de l’intérieur du pays. Mais beaucoup de ces affaires n’atteignent jamais les tribunaux. Les familles préfèrent souvent régler ces situations en silence, par peur de la honte ou pour éviter le scandale. Cette réalité sociale ne fait qu’aggraver le problème et laisse les enfants exposés à de nouvelles agressions. Selon des rapports de l’UNICEF, plus de 80% des violences sexuelles sur enfants en Guinée ne sont jamais signalées, ce qui complique davantage la lutte.
Le manque de structures adaptées pour accueillir les victimes mineures constitue un obstacle majeur. Dans la plupart des hôpitaux, il n’existe ni services spécialisés ni suivi psychologique approprié. Les enfants traumatisés sont souvent abandonnés à leur sort, sans accompagnement médical ni encadrement social durable. Très peu de centres offrent une prise en charge complète, et ceux qui existent sont généralement concentrés à Conakry, laissant les familles des zones rurales sans recours.
Rôle des ONG
Face aux carences de l’État, certaines ONG et associations locales tentent de combler le vide. Elles accompagnent juridiquement les familles, sensibilisent les communautés et plaident pour une meilleure protection des enfants. Cependant, leurs moyens restent limités et leur action ne couvre qu’une partie du pays.
Prévenir plutôt que subir
La prévention demeure un enjeu majeur. Sensibiliser les familles, encourager la dénonciation des auteurs et briser le silence autour de ces violences sont des étapes essentielles. L’instauration de programmes d’éducation sexuelle adaptés dans les écoles, accompagnés de campagnes d’information dans les communautés, pourrait contribuer à lever les tabous et protéger les enfants. La mobilisation des autorités, des enseignants, des parents et des médias est indispensable pour créer un environnement sûr pour ces êtres vulnérables.
Une urgence collective
Chaque nouveau cas rappelle l’ampleur du problème et l’urgence d’agir. L’indignation ne suffit plus. Il faut mettre en place des mécanismes de prévention et d’accompagnement. Tant que cela n’est pas fait, de nombreux enfants resteront exposés, dans la peur et le silence. Le décès de la fillette de 10 ans à Lansanayah est un signal d’alarme parmi tant d’autres pour la société guinéenne : protéger l’enfance n’est pas une option, c’est une obligation pour tous.
Mayamba Traoré