MesMenstruesLibres, le festival qui veut briser le tabou sur les règles et défendre la dignité menstruelle

En Guinée, les menstruations demeurent un sujet tabou, encore enveloppé de croyances ancestrales et de stigmatisation. Pour beaucoup, le sang menstruel est considéré comme impur, une idée tenace qui alimente la honte, le silence et l’exclusion. Afin de déconstruire ces préjugés et libérer la parole, la première édition du festival MesMenstruesLibres s’est tenue les 13 et 14 juin 2025 à la Bluezone de Kaloum, en plein cœur de la capitale Conakry, sous l’impulsion de l’ONG MALAFF Guinée.

Organisé autour du thème « Libérer la parole, pour une dignité menstruelle sans tabou », l’événement a rassemblé associations, institutions, élèves et militantes, pour deux jours de discussions, d’ateliers et de plaidoyer. Objectif : faire des menstruations un sujet légitime et assumé, au cœur des politiques de santé, d’éducation et de droits humains.

« Des milliers de filles et de femmes en Guinée vivent encore leurs règles dans des conditions indignes, sans produits adaptés, sans information fiable, et souvent dans la honte. Cela freine leur éducation, leur santé et leur autonomie », a déploré Oumou Hawa Diallo, directrice exécutive de MALAFF.

En milieu rural et scolaire, la précarité menstruelle reste un frein majeur à la scolarisation des filles. Absences répétées, abandon scolaire, manque d’intimité et de protection hygiénique : les conséquences sont multiples et durables. « Ce festival est une réponse collective à cette urgence. Il incarne notre volonté de faire bouger les lignes et de promouvoir un accès équitable à la dignité menstruelle pour toutes », a-t-elle ajouté.

L’événement a bénéficié du soutien de plusieurs partenaires, dont le ministère de la Santé mais aussi l’UNFPA. La directrice nationale de la Santé a salué une initiative essentielle pour « briser le mur de silence autour d’un phénomène physiologique naturel, encore trop stigmatisé ». Elle a appelé l’ensemble des acteurs à œuvrer pour que plus aucune fille ne soit pénalisée à l’école à cause de ses règles.

Même son de cloche du côté de l’UNFPA. Son représentant en Guinée, Francesco Galtieri, a encouragé les participantes à continuer le combat : « Utilisons ces deux jours pour sortir ce sujet de l’ombre, le ramener à la normalité. Parlons-en au cœur des décisions publiques, dans la santé, l’éducation et la protection. Je suis certain que grâce à votre activisme, nous y parviendrons ».

En créant un espace d’échanges et de sensibilisation, le festival MesMenstruesLibres s’inscrit dans un mouvement plus large de lutte pour la justice menstruelle. Il ambitionne de faire reconnaître les règles comme un enjeu de santé publique, de dignité et de droits.

Hadja M’bambé

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