Violences basées sur le genre : Il est temps de dire STOP !

Dans ma quête de vérité sur les violences basées sur le genre en Guinée, j’ai fait une balade en haute banlieue de Conakry, la capitale, pour interroger certaines victimes. Une oreille attentive m’a permis de savoir la gravité du phénomène et en même temps sa banalisation par d’autres citoyens.

C’était un week-end, je décide alors de faire un tour pour recueillir quelques témoignages. Kaporo-Rails dans la commune de Ratoma est ma première destination. Là, je rencontre une principale concernée, Kadiza, mère de cinq enfants et mariée contre son gré. Elle accepte de partager son amère expérience.

Je m’installe en face d’elle et mets mon micro en marche. « Je suis mariée depuis l’âge de 16 ans et maintenant mère de cinq enfants. Je ne cherche pas à décourager les jeunes filles, mais je pense qu’avant de se lancer, il faut mûrement réfléchir. Car le mariage n‘est pas un eldorado comme beaucoup le prétend. J’ai été mariée contre mon gré. J’étais au collège et j’ai subi des pressions de mon père surtout qui me menaçait de divorcer avec ma mère si je m’opposais », explique-t-elle sur un ton pathétique.

L’émotion sur son visage et sa voix tremblante, le récit de Kadiza devient de plus en plus touchant. Je réajuste ma position et la fixe dans les yeux, je voulais sentir la sincérité de son regard. La femme poursuit sa narration. « Notre société est un creuset d’injustices pour la femme et cela est un  secret de polichinelle. On me disait que c’était le temps ou jamais. Alors des langues se déchaînent : ‘Si tu rates cette opportunité de te marier, tu risques de contracter une grossesse non désirée’. Que la femme ne doit pas, sans autorisation, de son mari, pousser les études », se rappelle-t-elle.

Cette dernière phrase me trouble profondément. Je me mets dans sa peau et j’imagine son précieux rêve entrain de se briser. La femme sans travail qu’elle est devenue la loge dans une situation de précarité économique extrême. Kadiza, alors vulnérable, devient une proie pour son propre mari. « S’il m’arrive de me disputer avec mon mari, il me prive de la dépense. En famille, on m’a toujours fait savoir que la femme n’a jamais son mot à dire et que le dernier mot revient toujours au mari. Je suis donc obligée de l’accepter, ce triste sort !», se lamente la mère de famille.

Troublé par son témoignage, je marque un instant de pause avant de remercier mon interlocutrice

Je décide de remonter vers Koloma, quartier situé non loin de Kaporo-Rails. Là, je croise une autre victime. Je vais l’appeler ici Omou. La jeune fille qui rêvait de devenir une pilote s’est vue, par la jalousie de sa marâtre, être empêchée de fréquenter l’école, malgré l’ardent désir d’être scolarisée qui l’animait depuis toute petite. Elle a fini couturière, mais garde encore en mémoire cette injustice familiale. « Par jalousie, ma marâtre a défendu mon père de m’emmener à l’école. Son argument était que ma cousine avait contracté une grossesse non désirée, alors qu’elle était au collège. Ils oublient que j’ai un cousin dans la famille qui a un enfant hors mariage. Mais on n’en parle jamais. Pourtant, c’est une réalité », s’offusque la jeune demoiselle. Aujourd’hui, Omou qui se sent trahie de son ambition et son rêve d’enfant n’attend plus qu’un mari.

Ces différents témoignages m’ont permis d’apprendre un peu plus sur le poids de la société sur la femme en Guinée. Pourtant, ni les religions, ni les droits de l’Homme n’admettent ces injustices à l’égard de la couche féminine. Il est temps de dire STOP !

Mamadou Mazid Bah – Contributeur Génération qui ose

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