« La génération numérique, notre génération », c’est le thème de la 10e Journée de la jeune fille, célébrée ce lundi 11 octobre. A Conakry, le Club des jeunes filles leaders de Guinée (CJFLG) a mis l’occasion à profit pour installer son nouveau bureau exécutif et discuter de l’utilisation négative du numérique.
Pour la représentante de Plan International Guinée à la rencontre, Djénabou Youla, « les filles doivent acquérir des compétences en alphabétisation numérique afin de pouvoir migrer dans l’espace en ligne en toute sécurité et en toute confiance. Il s’agit d’une étape essentielle dans le renforcement des capacités de leur résilience à des informations préjudiciables ».
Alors que Fatou Baldé Yansané plaide pour la reconnaissance du club comme une organisation de la société civile d’utilité publique avec possibilité d’obtenir un appui dans le budget national, la cheffe de cabinet du ministère des Droits et de l’Autonomisation des femmes, Ramatoulaye Camara, qui a présidé l’ouverture de la rencontre, a réitéré l’engagement de l’État à poursuivre la protection des filles et femmes de Guinée. « Je puis vous garantir au nom des nouvelles autorités qu’une attention soutenue et un appui conséquent seront consacrés pour juguler à jamais les nombreuses contraintes qui minent la participation effective des femmes et filles aux projets de développement dédiés aux forces vives de ce pays dans tous les secteurs », a-t-elle assuré.
Le bureau exécutif renouvelé à cette occasion compte désormais six membres avec à sa tête Kadiatou Konaté comme directrice exécutive. Après la diffusion d’un court-métrage sur la diffusion de vidéos sextapes sur internet, un panel sur le même sujet a également été animé. Pour les panélistes, la diffusion effrénée de sextapes est la conséquence de l’envie de satisfaire son conjoint coûte que coûte. Cette pratique est devenue « comme un fantasme que tout le monde veut assouvir », a estimé un juriste qui a pris part à ce panel.
Sur la gestion des cas de diffusions de vidéos intimes, Marie Gomez, directrice de l’Office de protection du genre et des mœurs (OPROGEM) a fait savoir que quand c’est diffusé en ligne et qu’il y a une plainte, c’est l’Agence de régulation des postes et télécommunications (ARPT) qui leur vient en aide afin de localiser le téléphone ayant servi à la diffusion de la vidéo. Les dites vidéos, quand il n’y a pas de poursuite, sont détruites et écrasées.
Mme Gomez a fait remarquer que les victimes de viol et de traites sont prises en charges alors que celles des sextapes ne le sont pas. Pour Maître Bah, les mesures d’accompagnement s’avèrent difficiles dans la mesure où les victimes manquent de soutien de la part de leurs proches.
À côté, la rareté des plaignantes et leur désistement ainsi que le manque de moyen techniques pour trouver les auteurs sont aussi d’autres facteurs qui ne facilitent pas la poursuite des auteurs de ces faits. Toutefois, il assure que l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme et du Citoyen (OGDH) dont il est membre assiste les victimes de violences basées sur le genre et de diffusion de sextape dans leurs actions judiciaires, en ce qui concerne les personnes qui osent dénoncer.
Afin de mettre fin à cette pratique, Kabaci a proposé de former les jeunes filles sur la sécurisation de leurs données et l’utilisation correcte du numérique ; d’autant que, malgré la sensibilisation, la pratique continue. « Si vous décidez de supprimer vos données, faites le partout sur votre téléphone et sur tous vos réseaux », a-t-il encouragé.
Pour Aminatou Barry, chargée à la protection au Club des jeunes filles leaders de Guinée, « les victimes doivent être fortes et savoir gérer la situation (…) Il faut toujours essayer de voir comment se relever, prendre exemple sur les stars qui ont été victimes de diffusion de sextape ».
Maître Bah quant à lui propose une revue des méthodes de sensibilisation et de sanctions ainsi qu’une bonne explication de celles-ci. « Il faut que les parents acceptent de dialoguer sur la sexualité, que tout le monde sensibilise, même les religieux (…) Arrêtez de partager les vidéos sextapes (…) Ça peut nous arriver à tous », a-t-il souligné.
Elisabeth Zézé Guilavogui
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