Bien qu’il n’existe pas de données statistiques détaillées sur toutes les formes de violence
faites aux femmes/filles, les résultats de l’Enquête nationale sur les violences basées sur le genre révélaient en 2013 que 92% des femmes âgées de 15 à 49 ans étaient victimes de violences avec des variations régionales : 88% de femmes en Guinée forestière ; 64% de femmes en Basse-Guinée ; 57% de femmes à Conakry ; 54 % de femmes en Moyenne-Guinée ; 51% de femmes en Haute-Guinée. Si ces dernières années plusieurs moyens sont employés pour y mettre fin, le phénomène résiste encore au sein de la société guinéenne.
A l’occasion de la première édition du Forum de la jeune fille guinéenne, organisée les 5 et 6 févier 2021 à Conakry par le Club des jeunes filles leaders de Guinée, un panel portant sur les solutions innovantes pour arriver à éradiquer le phénomène a été développé.
Répartis en quatre groupes sur quatre thèmes (lutte contre l’excision, lutte contre le mariage d’enfants, lutte contre les violences sexuelles et propositions pour la prise en charge gratuite des victimes de violences basées sur le genre), les participants à cet évènement ont fait des propositions. Afin d’éradiquer ces violences, il a été recommandé aux décideurs, aux politiques et aux ONG des solutions innovantes comme l’application effective des lois existantes et la création d’un centre d’accueil pour les victimes.
Pour lutter contre l’excision et le mariage d’enfants, il a été proposé de faire appliquer les lois qui existent déjà et qui ont été ratifiées par l’Etat guinéen, de former et équiper les médecins légistes et les services de l’Office de protection du genre, de l’enfance et des mœurs (OPROGEM) ; surtout ceux de l’intérieur du pays, pour avoir un meilleur résultat entre autres. Pour avoir un bon résultat, il a aussi été demandé de renforcer les capacités des organisations et les aider à travailler ensemble, en créant une synergie d’actions pour leur permettre de planter le décor et trouver où se situe le vrai problème.
S’agissant des violences sexuelles, il a été suggéré la sanction des coupables à juste titre et correctement pour qu’ils servent d’exemple et la sensibilisation des garçons et filles sur les questions d’éducation sexuelle. La formation et l’équipement des services de l’OPROGEM ont également été recommandés sur ce point.
- Accompagner les survivantes et les impliquer dans les activités de sensibilisation, car du moment où elles sont les victimes, elles peuvent être les actrices de changement, créer des centres d’accueil et de réinsertion, équipés pour les victimes de violences en Guinée ;
- Doter les victimes d’une activité génératrice de revenu pour leur autonomisation ;
- Leur permettre d’avoir accès à certaines formations et à certains domaines qui puissent leur donner leur autonomisation financière sont les voies et moyens choisis comme innovantes en matière de prise en charge gratuite des victimes de violences basées sur le genre (VBG).
Les jeunes filles qui ont participé à ce forum estiment que tous les acteurs (leaders religieux, personnel médical et membres d’ONG, etc.) doivent être impliqués dans la lutte contre les VBG, parce que c’est un problème qui concerne toutes les couches de la société guinéenne.
La création d’un centre d’accueil et de réinsertion pour les victimes de VBG ainsi que l’application stricte et correcte de la loi sont jugées comme des mesures innovantes et font partie des réalisations suggérées à court terme. « La création d’un centre de réinsertion est une solution très innovante parce qu’on a eu des cas où on ne pouvait pas garder des victimes chez nous, des cas de mariage précoce où la fille elle-même dénonce, mais les parents refusent à la fille de rester à la maison. Et ça, c’est un problème majeur. S’il y avait un centre de réinsertion équipé en Guinée, on aurait pu par exemple trouver des solutions pour aider ces victimes. C’est une solution innovante ça. Dans ce centre équipé, il faut une prise en charge médicale et psychologique. Pour l’application stricte et correcte de la loi, même si c’est en cours, même si les choses sont en train de changer progressivement, il faut que les choses soient un peu plus en avance par rapport à ce que nous sommes en train de faire », souligne Aminata Abass Doumbouya, la chargée de communication du Club des jeunes filles leaders de Guinée.
Afin de mettre en œuvre ces recommandations, les jeunes filles comptent sur l’implication de tous les acteurs, surtout les partenaires au développement et les autorités politiques. « Nous lançons un appel au niveau des partenaires et au niveau de l’État, puisque les ONG n’ont pas la capacité de payer ou de construire un centre de réinsertion, de payer la formation des services de l’OPROGEM, de payer surtout les prises en charge médicales et psychologiques des victimes. Donc, c’est un appel, un plaidoyer, que nous lançons au niveau de l’État et au niveau des partenaires techniques et financiers pour qu’ils viennent en aide aux différentes ONG qui évoluent dans la lutte contre les violences basées sur le genre ; nous appuient en ce qui concerne toutes les solutions que nous avons proposées et pour un meilleur résultat. Parce que c’est ce que nous recherchons », ajoute-t-elle.
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