NATIONS UNIES, New York – La pandémie de COVID-19 a officiellement frappé plus de 12 millions de personnes, et fait plus d’un demi-million de mort·e·s. Le bilan total de cette catastrophe ne se limite pourtant pas à ces chiffres, loin de là. Les systèmes de santé se sont trouvés débordés, les économies ralenties. Les femmes et les filles ont été les plus durement touchées, à cause de la limitation de l’accès aux services de santé sexuelle et procréative, ainsi que de l’augmentation de la violence basée sur le genre.
Nous sommes aujourd’hui le 11 juillet, Journée mondiale de la population. C’est l’occasion de parler des besoins de toutes et tous en matière de santé sexuelle et procréative. Cette année, l’UNFPA souhaite souligner les besoins et vulnérabilités particulières des femmes et des filles pendant cette pandémie, ainsi que les efforts nécessaires pour assurer leur santé et garantir leurs droits.
« Aucune organisation, aucun pays ne peut accomplir cela seul », déclare le Dr Natalia Kanem, directrice de l’UNFPA dans un communiqué.
De plus grands risques pour les femmes
Dans le monde entier, les femmes doivent faire face à des risques accrus par la pandémie. Les soignant·e·s qui travaillent en première ligne, qui sont majoritairement des femmes, sont par exemple directement à risque de contracter la COVID-19.
Les femmes et les filles qui n’appartiennent pas au secteur de la santé ne sont pas épargnées et courent elles aussi de grands risques. Celles qui ont besoin de recourir à des services de santé sexuelle et procréative peuvent être angoissées par leur exposition potentielle au virus lors des soins, voire abandonner complètement ces soins. D’autres n’ont plus accès aux soins à cause des restrictions de déplacement et de la capacité d’accueil réduite des services de santé.
De nombreux hôpitaux et centres de santé rapportent une baisse du nombre de femmes et de filles recevant des soins essentiels de santé sexuelle et procréative, que ce soit en matière de services prénatals, d’accouchement médicalisé ou de planification familiale.
L’UNFPA et ses partenaires estiment que six mois d’importantes perturbations dans les services de santé pourraient avoir pour conséquence la perte des moyens de contraception pour 47 millions de femmes dans les pays à faibles et moyens revenus, ce qui provoquerait 7 millions de grossesses non désirées. Il est également probable que le nombre de décès maternels augmente.
L’UNFPA travaille à assurer un accès constant aux services et aux équipements de santé procréative.
En Gambie, par exemple, où la pandémie a fait baisser le nombre de femmes ayant recours à des services de santé, l’UNFPA fournit des équipements de protection aux soignant·e·s, aide à améliorer les communications communautaires autour de la maladie et assure la continuité des programmes de planification familiale et de formation des sages-femmes.
Fatou Joof, sage-femme au centre de santé Serrekunda (financé par l’UNFPA), près de Banjul, a exprimé son soulagement de pouvoir continuer à dispenser des soins de santé maternelle en appliquant les gestes barrières et notamment en portant un masque.
« Lorsque les femmes viennent au centre, nous nous assurons qu’elles se lavent soigneusement les mains à l’eau et au savon. Nous mettons également à disposition du désinfectant pour les mains », explique-t-elle.
« Le travail que je fais ici me rend très heureuse. Sauver des vies, c’est notre travail de sages-femmes, et c’est ce que nous faisons. »
Des situations de crise humanitaire
Les circonstances sont encore plus éprouvantes dans les situations de crise humanitaire.
Au Venezuela, il a fallu envoyer des fournitures médicales pour soutenir le système de santé local, qui était déjà en crise avant l’explosion de la pandémie.
L’aide humanitaire a également été fondamentale pour Afra Muhammad, 19 ans, qui vit en Syrie, dans le camp de réfugié·e·s de Rukban, et dont la grossesse a présenté des complications très graves.
L’UNFPA et le Croissant Rouge arabe syrien ont pu la faire transporter d’urgence, après deux semaines d’organisation ; le voyage a ensuite duré deux semaines lui aussi. Afra a fini par arriver à l’hôpital de Homs dédié à la planification familiale, où elle accouché d’une petite fille par césarienne.
Si elle est soulagée d’avoir pu accoucher en toute sécurité, elle continue d’avoir peur de la COVID-19. « Je suis vraiment très inquiète pour mon bébé, surtout avec la pandémie de coronavirus », dit-elle à l’UNFPA.
Dans d’autres régions de Syrie, les femmes rapportent une augmentation de la violence basée sur le genre, ce qui fait écho à un phénomène observé à l’échelle mondiale.
« Pendant la période de couvre-feu, j’ai rencontré beaucoup de femmes dont les maris sont violents », raconte Ghadeer Mohammed Ibrahim Qara Bulad, directrice du Projet de développement dédié aux femmes, au sein de l’Association islamique de charité. Association.
La violence basée sur le genre
Des tensions de plus en plus nombreuses au sein du foyer, provoquées par la pression économique et les restrictions de déplacement, se traduisent par des violences partout dans le monde. Les femmes qui sont confinées chez elles, en compagnie de leurs agresseurs, n’ont bien souvent personne vers qui se tourner. De nouvelles formes de violence pourraient également augmenter, comme le cyberharcèlement.
« Sur les réseaux sociaux, on constate beaucoup de harcèlement et de violence dirigée contre les femmes, dans le cadre de la crise du coronavirus », précise Mme Bulad à l’UNFPA.
L’UNFPA estime que six mois de confinement pourraient provoquer l’émergence de 31 millions de cas de violence basée sur le genre, puis 15 millions par trimestre supplémentaire de confinement.
De plus, l’accès aux refuges et aux rendez-vous de soutien psychologique est limité par la pandémie, ce qui n’arrange pas la situation. L’UNFPA et ses partenaires travaillent pour assurer le maintien des services aux survivantes partout où c’est possible, ainsi que pour augmenter le nombre d’opérations à distance.
Ces efforts peuvent cependant eux-mêmes se heurter à des difficultés. En Ukraine, les services par téléphone ne suffisent pas, selon les expert·e·s. « Un simple appel au service d’assistance peut provoquer une agression par le partenaire », déplore Alona Krivuliak, qui gère un service d’assistance téléphonique pour les victimes de violence conjugale soutenu par l’UNFPA.
Les conseiller·e·s développent de nouvelles façons de travailler, notamment via des plateformes discrètes comme Viber ou Facebook Messenger. « Maintenant, certaines habituées préfèrent ce mode de fonctionnement, qui leur convient mieux que le déplacement, et veulent continuer ainsi même après la fin du confinement », explique Tetyana Franchuk, psychologue.
Les programmes de l’UNFPA mobilisent également les hommes dans la promotion de l’égalité des genres. Le monde entier doit redoubler d’efforts, selon le Dr Kanem : « Alors que la communauté internationale se rassemble de façon solidaire pour survivre à cette pandémie, nous jetons les bases de sociétés plus résilientes et fondées sur l’égalité des genres, ainsi que celles d’un avenir plus sain et plus prospère pour toutes et tous ».
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