« L’excision a des conséquences sanitaires graves », c’est par ces mots que le professeur Mamadou Diouldé Baldé, Coordinateur de la Cellule de Recherche en Santé de la Reproduction (CEREDI), a introduit une présentation sur les complications sanitaires des MGF. Douleurs violentes, hémorragie, retard de la cicatrisation, problème urinaire, état de choc, stérilité, complications à l’accouchement, problème psychologique… sont entre autres les méfaits de l’excision a souligné le Professeur Baldé.
Suite à cette présentation, les participants ont souligné qu’en dépit des efforts fournis par le gouvernement et ses partenaires, le taux de l’excision reste élevé en Guinée (95% de femmes). Cela s’explique par les considérations culturelles, sociales et religieuses qui entourent la pratique de l’excision. En effet, les études prouvent que 56% de femmes et 64% d’hommes pensent que l’excision est exigée par la religion.
Cheick Ould Zein, secrétaire General du Forum de la pensée Islamique et du Dialogue des cultures (FPIDC) de la Mauritanie a affirmé que l’excision a existé avant l’Islam. « L’Islam n’a ni approuvé, ni refusé les mutilations génitales féminines. Il n’est pas nécessaire de continuer une pratique qui nuit à la vie » a – t – il indiqué.
« L’excision est une norme sociale et non religieuse » a précisé une dermatologue venue du Maroc. C’est dans ce sens que Le Professeur Baldé cité plus haut a ajouté que l’excision est un rite traditionnel et culturel. « Cette pratique n’est mentionnée par aucun texte religieux. Même les pays Islamiques ne pratiquent pas l’excision »
« Un hadith dit que personne ne doit porter atteinte à l’intégrité physique des gens. L’excision est une déformation de la création de Dieu », affirme Le président des Oulémas du Maroc, un des intervenants dans cette conférence.
Il a par ailleurs pris l’engagement d’impliquer sa fondation dans la lutte contre la pratique en vue d’une accélération de l’abandon. « La fondation Mohamed VI des oulémas Africains a prévue de faire des actions pour promouvoir l’abandon des MGF en Guinée » a – t – il promis.
Également en Guinée, des résolutions ont été prises pour l’arrêt de cette pratique. Le Représentant du Secrétariat Général des Affaires Religieuses(SGAR) a souligné que cette pratique ne fait pas partie des obligations religieuses et qu’elle était en contradiction avec le principe de la protection de l’enfant.
« La question de la protection de l’enfant et de la femme est une prescription divine en ce sens que tous les prophètes ont exigé la protection de la femme et des enfants car leur protection contribue au développement de l’humanité. C’est dans cette dynamique que mon département a adopté une Fatwa interdisant la pratique des MGF en Guinée ».
Par ailleurs les leaders des Eglises chrétiennes de Guinée ont condamné la pratique de l’excision en s’appuyant sur ‘’la parole de Dieu ‘’ prescrite dans la bible. « Il y’a plein de versets dans la bible qui nous disent de laisser la femme telle que Dieu l’a créé. Dieu ne veut pas qu’on touche ou qu’on enlève un membre, un organe de tout ce qu’il a donné à la femme… Il est dit Vous êtes les enfants de l’Eternel, votre Dieu, Vous ne vous ferez point d’incisions… (à plus forte raison excision). Nous n’avons pas le droit de toucher quoi que ce soit de ce que Dieu a fait, car ce qu’il fait est parfait » affirma le représentant des églises évangéliques de Guinée.
Suite à ces échanges, les participants se sont engagés à sensibiliser et à lutter contre cette pratique qui nuit à la vie de la femme, avant de recommander aux agents de santé, aux exciseuses d’abandonner les couteaux et les instruments tranchants, et d’avoir la vision de Dieu qui est de préserver sa créature.
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