Dans les écoles, le harcèlement n’est pas un fait nouveau. Plusieurs jeunes filles sont victimes de ce fléau de la part de certains professeurs. Les cas les plus fréquents se déroulent au secondaire, où les enseignants qui se livrent à ces pratiques, usent de leur position dominante pour affaiblir le moral des jeunes filles qui leur résistent.

Marie est une jeune collégienne, élève dans une école privée de la place. A 16 ans, elle évolue en classe de 10e année. Elle a été victime de harcèlement à plusieurs reprises de la part de deux de ces professeurs. La jeune fille décide de se confier à nous. Dans son témoignage, elle raconte comment ceux-ci procèdent pour l’aborder. Pour voiler les choses, ils viennent avec des soit disant intentions de mariage, alors qu’ils ont déjà des femmes.

Ils sont même allés jusqu’à des attouchements physiques sur la personne de leur élève, confie Marie : « L’ un de mes profs me fait la cour depuis plus d’un an, et malgré mon refus, il continue à insister. Tout a commencé quand un ami m’a trouvé pour me dire que notre prof l’envoie pour me dire qu’il est amoureux de moi et qu’il veut sortir avec moi. Je lui ai dit que je ne veux pas parce qu’il est mon prof. Puis, lui-même, il est venu me voir pour me le dire en face. Qu’il veut faire de moi pour être sa seconde épouse, à défaut que je devienne sa petite amie. C’était une façon de parler, sachant qu’il est jeune et déjà marié. Je lui ai fait savoir que je ne peux pas faire une telle chose. Il est mon prof, il a une femme et moi je suis son élève. J’ai dit qu’une telle chose ne doit pas exister entre nous pour le plus grand respect qu’on se doit. Comme il a vu que je ne réponds pas positivement à sa demande, il a décidé de me lancer des mots que je ne veux pas entendre. Il disait toujours que la façon dont je m’habille était attirante alors que mon habillement n’avait pas de défaut. Un soir, à la révision, il me dit que quand il me voit, c’est comme si on lui disait de coucher avec moi. Ma seule réponse était : “Je ne peux pas”. De passage derrière notre cour, il demande à ce que je lui donne mon numéro, j’ai refusé et je lui ai dit que ce qu’il est en train de faire n’était pas bon. Tout ce qu’il a pu me dire après, c’est : “Je ne peux pas te laisser tant que tu n’acceptes pas ma proposition” ».

Face aux multiples rejets de ses avances, le professeur a opté pour une méthode encore plus directe que d’habitude. Il n’était plus question de perdre du temps, à partir du moment où la jeune Marie refuse de le “comprendre”. « Une fois, en classe, il a pris l’habitude de s’arrêter près de moi pour que son corps se frotte au mien. Il soufflait dans mes oreilles que ça le plaît de me toucher. Pendant que j’écrivais, il m’a pris en photo avec son téléphone. Je lui ai dit de l’effacer, il s’est senti touché et il a changé de mine. Un autre jour, il m’a dit qu’il aime me regarder. J’ai dit que s’il ne cesse pas, j’allais informer le Principal du collège, il m’a répondue qu’il n’a pas peur. La dernière fois qu’il s’est adressé à moi, je lui ai mal parlé. En présence de mes amis à la révision, le prof a dit que je suis mal éduquée, avant de m’ordonner de sortir de la salle. Par la suite, il ne m’interrogeais plus. Même quand je lui posais une question, il me parlait mal. Heureusement, il a quitté l’école récemment pour l’intérieur du pays. Mais il passe toujours par mes amis pour leur dire de m’informer qu’il veut entendre ma voix pour “une dernière fois” », raconte la jeune élève.

Après ce harcèlement moral et physique de la part de son professeur de Maths, c’est le tour de son professeur de Biologie d’entrer en action. Depuis en classe de 8e année, il avait remarqué que ce dernier avait un œil sur elle. Sans se montrer autant insistant. Avec cet autre prédateur, Marie a compris que celui-ci cherche “juste” à satisfaire son appétit sexuel. « Quand il entre en classe, il me dit me prendre la liste des perturbateurs. Si je mets mon nom, il tolère tout le monde et si mon nom ne figure pas sur la liste, il corrige tout le monde. Un jour, il était de passage vers le portail de la cour, il me dit qu’il veut me voir alors que j’étais dans la cour. Je lui ai dit que s’il veut me voir, c’est en présence de mes amis et non isolé. Il a dit qu’il veut sortir avec moi. Lui aussi il est marié. Il m’a dit que je peux partir chez lui l’aider à laver les habits, tout comme il peut venir chez moi. Puisque je ne lui ai pas donné l’occasion, il m’attendais les vendredis, le jour où mon groupe est chargé de balayer la classe. Cela trouve que tout le monde est rentré parce que dans certaines écoles privées, on arrête les cours à 12h00 les vendredis. Il m’a attendu au niveau des escaliers, je descendait de l’étage et c’est qu’il a commencé à me toucher le corps. Quand il a tiré ma jupe, j’ai réagi en le menaçant de le dénoncer auprès de la direction. Il m’a supplié de ne pas le faire sinon il serait honni et viré de l’établissement. Je lui ai dit : “Donc, vous le savez mais vous provoquez des histoires ?” Après cet incident, il m’avait évité pendant un temps. Mais il a repris ses habitudes cette année encore. La dernière fois, il m’a trouvé en classe en train de balayer avec une amie et au moment où cette dernière est partie déposer les ordures à la poubelle, il s’est dirigé vers moi et m’a agressée. J’ai sursauté puis j’ai pleuré. Même les perles qui étaient autour de mes hanches, il avait réussi à couper. À l’arrivée de ma copine, elle pensait qu’il y avait quelque chose entre nous. Mais en me voyant en larmes, elle a compris qu’il s’est passé quelque chose entre nous qui n’était pas consentant. Le prof est reparti sans me dire un mot. J’ai finalement décidé de me plaindre chez les responsables de l’école », ajoute la jeune fille.

Depuis ces actes, la jeune élève se méfie de tous les professeurs en classe. De peur d’être harcelée à nouveau, Marie préfère ne même plus répondre à une question en classe. Elle fait désormais profile bas, en espérant que les encadreurs de l’établissement prendront à bras le corps la question du harcèlement sexuel.

Mohamed Diawara – Contributeur de Génération qui ose


Image d’illustration. @PanosMedia

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