Coiffeuse (d’hommes et de femmes), mannequin, gestionnaire de bibliothèque, joueuse de pétanques… Rose Koly Kourouma est une femme qui s’essaie à tout. Selon elle, il n’est pas question de limiter ses capacités quand on peut faire le même boulot que les hommes et d’une meilleure façon encore !

Fruit de plusieurs écoles de Conakry dont l’école Camayenne-Plage dans la commune de Dixinn, à Conakry, Rose Koly Kourouma a aussi étudié à Forécariah. Sa migration vers cette ville pour un moment est due à son comportement de canaille et sa cohabitation avec les garçons, cohabitation qui menaient souvent à des batailles. Souvent qualifiée de “garçon raté », la petite fille d’alors est retournée à Conakry après l’obtention de son brevet en 1999. En 2000, elle étudie au lycée Coléah où elle fait tout son cycle secondaire avant d’échouer au baccalauréat. « Je me suis dit il faut que je m’oriente et en même temps, quand j’étais au lycée, j’ai voulu faire la tôlerie peinture mais mon papa et mon oncle s’y sont opposés et m’ont encouragé à faire l’informatique. J’ai accepté leur proposition, je suis restée à les attendre, j’ai vu que rien ne bouge avec eux. J’ai mis la pression, ça n’allait pas… Finalement, je me suis dit je vais essayer de faire autre chose. Du coup, je suis allée au salon, j’ai trouvé mon maître Moussa Keita avec 2 de mes autres maîtres aussi qui étaient des anglophones. Les observant, j’ai trouvé que c’était intéressant donc je lui ai dit que je veux apprendre à coiffer », explique la jeune femme à Génération qui ose.

Son intérêt suscite la surprise du maître coiffeur qui lui demande si elle peut y arriver. Répondant par l’affirmative, le coiffeur qui y voit un désir passager la renvoie en lui demandant d’aller trouver le matériel nécessaire pour commencer son apprentissage. « Il a fait la liste, je suis allée acheter ce qu’il fallait pour la coiffure et je suis revenue. Etonnée, il m’a demandée si j’étais au sérieux. J’ai dis ‘oui’. C’était en 2001, j’étais au lycée à ce moment. Donc, j’ai commencé à m’exercer. Après l’école, je venais au salon de coiffure. Il y a d’autres même qui ne savaient pas que j’étudiais. Ils pensaient que j’étais une coiffeuse », se souvient-elle avec sourire. La curiosité des uns et des autres l’apporte des clients pour faire tout type de coiffure pour homme.

Son courage et sa détermination lui valent des encouragements, même de la part de ses clients. Après son échec au Bac, elle s’oriente à l’école professionnelle à l’IFAK en Secrétariat. Après un BEP, elle continue et obtient un BTS, en s’orientant à l’EMSIG, mais avec deux mois de retard dans les cours. Aux examens de sortie, elle est classée 4ème. Diplômée, elle se rapproche de son oncle qui travaillait à l’AGUIPE (Agence guinéenne de promotion de l’emploi) afin d’être sa secrétaire, sans pour autant abandonner la coiffure. «  Je suis venue avec mes dossiers, on m’a prise comme stagiaire. C’était en 2007 parce que j’ai terminé en 2006. En 2011, j’ai été embauchée comme contractuelle. Je suis restée à l’AGUIPE, sans pour autant arrêter la coiffure. Certes il y avait de la pression au boulot, mais les week-ends je coiffais, parce que j’avais des clients qui m’appelaient », souligne-t-elle.

Aujourd’hui, après la fermeture du salon en question qui se trouvait à la Camayenne, Rose Koly a ouvert un petit salon chez elle à Kènendé dans la préfecture de Dubréka qu’elle a confié à son jeune frère à qui elle a appris la coiffure. Ceci lui permet d’occuper ses frères et de ne pas perdre la main. « Je coiffe aussi les femmes. Je fais des perruques, du tissage… », ajoute Rose.

Former les jeunes filles, elle dit le souhaiter ; surtout dans le domaine de la coiffure. « Mon premier projet, c’est d’avoir un salon ou un centre pour que les femmes puissent apprendre la coiffure. Je joue aussi à la pétanque, donc je forme des filles à Dubréka (…) Je fais la promotion des femmes au niveau de la pétanque. Je suis mannequin… », précise Rose Koly.

Se retrouvant dans l’actrice Jenifa de la série nigériane « Le journal de Jenifa », elle avoue avoir fait le DJ aussi. Car selon elle, il faut essayer de faire un peu de tout. « Dans la vie, il faut toujours chercher à se battre pour vivre et faire quelque chose qui peut aider. Je demande aux femmes de défier les hommes qui les sous-estiment. Tout le monde a un talent caché qu’il faut dévoiler. Les filles et les femmes qui veulent faire quelque chose, surtout ce que les hommes font, elles peuvent bien y arriver. C’est une question de décision et de passion… », lance la fonctionnaire.

Ayant perdu son mari après avoir eu deux enfants, Rose Koly Kourouma est aujourd’hui un modèle pour d’autres femmes. Aux jeunes filles, elle demande comme beaucoup d’autres de ne pas se laisser emporter par le gain facile. « Le premier mari d’une femme, c’est son métier, son travail ! Il faut se respecter. J’encourage les jeunes filles à persévérer. Que personne ne les décourage en leur disant que non, ça c’est le travail d’homme. La femme peut faire aussi ce que l’homme fait pour travailler. On commence petit pour devenir grand. Il n’y a pas de sot métier, il faut compter sur soi-même, il ne faut pas compter trop sur les autres », conseille celle qui est aussi coiffeuse.

Génération qui ose est une plateforme d’informations et de sensibilisation sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ), de promotion de l’émancipation des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre. Ce projet est porté par l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) et le ministère guinéen de la Jeunesse. Suivez-nous également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #GquiOse.

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