L’infertilité est une réalité dans de nombreux couples, où elle est une véritable source de tension entre les conjoints, notamment les jeunes femmes nouvellement mariées. Elles sont nombreuses à être victimes de rejet ou qui font l’objet de critiques voire de moqueries, lorsqu’elles ne parviennent pas à tomber enceinte dans les mois suivant la célébration du mariage. Mais pour certaines, cela dure depuis cinq, dix ans voire plus et d’autres sont à leur première ou deuxième année depuis qu’elles se sont mariées, mais peinent encore à concevoir pour la première fois.

Une situation qui préoccupent plusieurs d’entre elles qui se demandent par où donner la tête, face aux stigmatisations dont elles sont confrontées au quotidien. Nous avons rencontré quelques unes qui ont accepté de nous confier leurs témoignages…

La pression sociale, le stress, la tristesse, la douleur morale, sont entre autres des séquelles qu’elles traînent en longueur de journée. Le mal de progénitures est devenu pour ces femmes mariées, sans enfants, une blessure difficile à guérir.

Fatoumata, 24 ans est mariée depuis maintenant cinq ans, mais elle n’a pas encore contracté la moindre grossesse. Son époux commence à exprimer des signes persistant d’impatience, car elle n’arrive pas à lui “donner un enfant”, alors que leur mariage date de plusieurs années. « Au début, je suivais les mêmes traitements que mon mari pour guérir l’infertilité. En ce temps, on ne savait pas qui avait le problème. Quand il a compris que le problème vient de moi et non de lui, il m’a laissé à moi-même. Sa décision est de ne plus se traiter, puisque ce n’est pas lui qui souffre d’infertilité. Je suis négligée à partir du moment où ma belle-famille a compris que je n’ai pas conçu après une année de mariage. Je suis en couple, mais notre union n’est pas complète puisque nous n’avons pas d’enfants », souligne-t-elle.

Ces critiques et moqueries n’ont pas de limites à l’endroit de celles qui vivent en couple sans enfants. Certaines personnes dans leurs propos accusent ces femmes d’avoir pris des contraceptifs pour ne pas avoir d’enfants. D’autres vont jusqu’à traiter ces malheureuses femmes de sorcières.

Binta est aussi une femme au foyer sans enfants. Cette jeune femme âgée de 28 ans est mariée depuis 10 ans. Son époux a reçu la pression de sa famille afin qu’il se trouve une seconde épouse. Mais cette fois-ci “une femme fertile“, lui précise-t-on. Face au harcèlement, il a fini par fléchir et épouser effectivement une deuxième femme. Pourtant sa volonté était de voir Binta porter son premier enfant. Celle-ci porte un fardeau très lourd à supporter.

Pour ce qu’elle traverse, la jeune femme s’en remet à Dieu de par sa foi. Aujourd’hui, son plus grand rêve est de porter sa toute première grossesse. « Nous les femmes qui portons cette étiquette de “stérile”, nous entendons beaucoup de choses à notre sujet. Ce que les gens doivent comprendre, c’est que nous ne pouvons pas nous souhaiter un mal, en demandant à Dieu de ne pas nous donner des enfants. Le vœu de toute femme qui se marie nouvellement est de porter son enfant. Il y en a qui font vingt ans avant d’avoir un enfant mais le mal devient profond quand tes proches interdisent à leurs enfants de s’approcher de toi. Quand certaines femmes contractent des grossesses, elles te la cachent sous prétexte que tu peux mettre un terme à celles-ci. D’autres te traitent de sorcières. Certaines personnes disent même que dans notre vie de jeunes filles, nous n’avions pas été sérieuses et que nous avions pris des contraceptifs pour ne pas tomber enceinte. Savent-elles ce que c’est de vivre sans enfants ? C’est une très grande douleur morale ! Mais je me remets à Dieu, car c’est Lui qui donne les enfants », dit la jeune dame, avec beaucoup de philosophie devant cette situation d’impuissance.

Une jeune dame, dans la vingtaine, confie qu’à l’occasion d’une de ses visites dans la famille de son époux, sa belle-mère a glissé dans ses oreilles « de tout faire pour que son petit-fils vienne maintenant », en lui précisant que « même si c’est dans “l’infidélité” ».

Ce désarroi que vivent ces femmes les plonge dans un grand désespoir. Souvent, celles qui veulent finir avec ce mal de la “stérilité” s’adonnent à plusieurs traitements d’ordres traditionnels à travers la pharmacopée. D’autres sont traînées dans du sang qui découle d’une bête immolée à l’occasion de cérémonie de baptême. Tout cela dans l’espoir de pouvoir enfin concevoir un enfant pour subsister dans leurs foyers.

Mohamed Diawara – Contributeur de Génération qui ose

Génération qui ose est une plateforme d’informations et de sensibilisation sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ), de promotion de l’émancipation des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre. Ce projet est porté par l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) et le ministère guinéen de la Jeunesse. Suivez-nous également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #GquiOse.

ABLOGUI © Copyright 2024. Tous les Droits Réservés.

Abonnement à la newsletter

Recevez les derniers messages & articles dans votre courrier électronique

Nous promettons de ne pas envoyer de spam:)