Alors que l’opinion publique est de plus en plus sensible face aux violences faites à l’égard des femmes, le viol reste un phénomène qui persiste en Guinée. Plusieurs choses peuvent expliquer cette situation, dont l’impunité. En effet, si notre pays a renforcé son arsenal juridique – depuis 2016, le code pénal punit le viol de cinq à dix ans d’emprisonnement et jusqu’à la perpétuité lorsqu’il a entraîné la mort de la victime —, les peines prononcées ne sont pas toujours « à la hauteur de la gravité des crimes commis », alertait Amnesty International dans un rapport publié en septembre dernier sur les violences sexuelles en Guinée.

Selon les statistiques de l’Office de protection du genre et des mœurs (OPROGEM), 1 007 cas de viols ont été enregistrés de 2018 au premier semestre 2021. « En 2019, le nombre total culmine à 393 cas dont 294 étaient de viol sur mineures. Tandis que 256 cas étaient commis par des hommes de plus de 18 ans contre 136 auteurs mineurs. L’année 2020 enregistre moins de cas que l’année précédente. Sur les 368 cas enregistrés dont 130 à Conakry, 279 victimes avaient moins de 18 ans, alors que 255 cas ont été commis par des hommes de plus de 18 ans », détaille l’office. Et au premier trimestre de l’année 2022, quelques 117 cas de viols, dont 77 sur des mineures, ont été enregistrées. Des chiffres qui font froid dans le dos, d’autant qu’il y a des cas d’agressions sexuelles qui ne sont pas répertoriées par les autorités ou les organisations de lutte contre les violences faites aux femmes.

Mais tous les cas répertoriés ne finissent pas forcément devant la justice. Encore moins aboutir à une condamnation. « Il n’est pas rare de voir des violeurs présumés continuer de se balader librement dans le même quartier qu’une plaignante. [Les victimes] ont peur pour leur sécurité », souligne Kadiatou Konaté, cofondatrice du Club des jeunes filles leaders de Guinée, citée par l’ONG.

Malgré les dénonciations, il est rare de rester 48 heures en Guinée sans entendre les médias relayer un nouveau cas de viol. Pis, mêmes des bébés de moins de trois ans ne sont pas épargnés par le phénomène. Souvent, les bourreaux se trouvent dans l’entourage proche des victimes. Ils sont la plupart du temps de la famille ou du voisinage. Ces violeurs cruels et sans état d’âme passent par tous les moyens pour faire leur sale besogne. Certains d’entre eux partent jusqu’à ôter la vie à leurs victimes au cas où ces dernières refusent d’obtempérer.

Face à cette situation alarmante, les acteurs à tous les niveaux (justice, forces de sécurité, activistes, médecins légistes, parents, leaders religieux…) doivent redoubler d’efforts pour éradiquer les violences faites aux femmes en Guinée, plus particulièrement les violences sexuelles.

Abdourahmane Baldé – Contributeur de Génération qui ose

Génération qui ose est une plateforme d’informations et de sensibilisation sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ), de promotion de l’émancipation des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre. Ce projet est porté par l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) et le ministère guinéen de la Jeunesse. Suivez-nous également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #GquiOse.

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