Encore taboue dans nos sociétés, l’éducation sexuelle est un sujet à polémique dans certains foyers. Pourtant, vu les avantages que sa connaissance procure, l’antenne de Dubréka du Club des jeunes filles leaders de Guinée a organisé ce samedi 22 mai 2021 une table ronde dans les locaux de la mairie de cette commune urbaine située à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Conakry. Objectif : outiller les jeunes filles et femmes sur l’éducation sexuelle afin qu’elles puissent vulgariser ses connaissances auprès de la communauté.

Cette table ronde organisée à la mairie de la commune urbaine de Dubréka a regroupé une dizaine de filles et femmes ainsi que quelques hommes. Pour le Club des jeunes filles leaders, il faut sensibiliser la couche féminine sur ce sujet dont on ne parle pratiquement pas avec les enfants (filles et garçons). Pour Kadiatou Konaté, la présidente intérimaire du club, il est important de discuter de l’éducation sexuelle avec les enfants. Cela permet de créer la confiance entre parents et enfants mais aussi de préserver ces derniers de certains actes lorsque le dialogue est instauré entre eux. A tour de rôle, les participantes et participants ont exprimé leurs inquiétudes face aux violences auxquelles sont sujets les enfants, avant de se pencher sur les moyens permettant d’endiguer ce fléau.

Pour Aminata Guillaume Camara, la présidente de l’antenne préfectorale du Club des jeunes filles leaders de Dubréka, sensibiliser est le moyen le plus efficace pour arriver à parler d’éducation sexuelle. “Avant, les gens n’osaient pas parler de sexualité avec les parents. Mais aujourd’hui, on ose inviter des personnes à venir faire une table ronde sur le sujet, discuter entre eux. A leur tour, eux aussi, partir faire le retour au niveau des familles. Peut-être ça n’a pas encore eu beaucoup d’impact dans l’immédiat, mais ça fera surement avancer les choses“, a-t-elle assuré.

Au cours de la deuxième séance de sensibilisation du club dans la préfecture de Dubréka, ce samedi, les discussions ont tourné autour des questions telles que :

  • Comment se protéger des maladies et infections sexuellement transmissibles lors des rapports sexuels ?
  • Comment se protéger pour ne pas être violé ?
  • Comment se protéger vis-à-vis des hommes violents ?

Au tour de la table pour débattre de ces différents thèmes, on notait la présence de plusieurs hommes. Elhadj Alsény Bangoura assure sensibiliser pour la protection de la jeune fille. “Nous allons continuer à sensibiliser et à vulgariser les thèmes débattus ici pour qu’on prenne la nécessité de protéger la femme et la jeune fille. Autant l’homme peut avoir une position administrative confortable partout, la femme est aussi capable de l’avoir. On va essayer d’instaurer la discipline partout, surtout au niveau des femmes, de la couche juvénile féminine, pour qu’elles prennent conscience de leur état et de la place qu’elle doit avoir au sein de la société”, s’est engagé le maire de la commune urbaine de Dubréka.

Pour l’atteinte des résultats escomptés, le premier responsable de l’autorité communale de Dubréka assure qu’il faut s’armer de patience et insister sur la sensibilisation. “Car les vieilles habitudes durent et résistent“, a-t-il souligné.

Présent à cette rencontre, le représentant de l’Initiative Pananetugri pour le Bien-Etre de la Femme (IPBF) en Guinée a expliqué avoir accompagné cette initiative pour aider les associations féministes à pouvoir toucher les couches les plus sensibles afin de pouvoir remédier les difficultés auxquelles les filles et les femmes font face Afrique de l’Ouest. “Le projet sur l’éducation sexuelle complète est un moyen aujourd’hui pour lutter contre les violences basées sur le genre, surtout chez nous en Guinée. La table ronde avec les femmes et les filles communautaires est un moyen de toucher du bout du doigt la réalité que vivent nos sociétés“, a fait remarquer Antoine Fansou Loua, le point focal de l’IPBF en Guinée.

Participante à cette table ronde, Mme Keira Fatoumata Camara s’est engagée à vulgariser ce qu’elle a appris au cours de cette rencontre. “Au sortir d’ici, je vais commencer par mes filles puis les enfants de mes locataires pour leur expliquer ce que j’ai appris ici. Je vais donner les conseils à mes amies pour qu’elles prennent soin de leurs enfants, comme je le ferai avec les miens. Les filles qui ont organisé cette rencontre nous ont aidé, nous les mères de famille. Si on suit leurs conseils, nos enfants ne souffriront pas car ils seront bien éduqués. Cela diminuera la vie de débauche chez nous. Que nos filles soient sur le bon chemin, qu’elles soient sérieuses…“, a lancé Mme Keira, estimant que les filles doivent suivre ces conseils.

                                                                   Crédit photo : Génération qui ose

Au-delà de la sensibilisation, l’antenne du Club des jeunes filles leaders de Guinée dans la préfecture de Dubréka souhaite l’instauration de l’éducation sexuelle complète dans les écoles. “Nous appelons l’État afin de nous appuyer surtout au niveau de l’éducation, en instaurant l’éducation sexuelle au niveau des écoles. Parce que l’enfant écoute mieux son professeur que ses parents. Donc, qu’ils instaurent l’éducation sexuelle au niveau de l’école afin de pouvoir sensibiliser les jeunes filles pour prendre leur vie sexuelle en main“, a souhaité Aminata Guillaume Camara.

Entre janvier et mai 2021, au moins 455 cas de viols ont été enregistrés en Guinée, selon les chiffres rapportés par le club. Les 51% de mariages concernent des filles qui n’ont pas atteint leur majorité fixée à 18 ans. Selon l’Enquête démographique et de santé (EDS) datée de 2018, plus de 95% des filles et femmes guinéennes, âgées entre 15 et 49 ans, ont subi l’excision.

Pus de 100 cas de mariages précoces ont été annulés par le Club des jeunes filles leaders de Guinée entre 2020 et 2021, a révélé récemment la présidente intérimaire du club, Kadiatou Konaté.

Conscient du chemin qui reste à parcourir pour parvenir à l’éradication des violences basées sur le genre au sein de la communauté, le Club des jeunes filles leaders de Guinée prévoir la poursuite de ses actions de sensibilisation, notamment auprès des habitants de la commune urbaine de Dubréka.

Génération qui ose est une plateforme d’informations et de sensibilisation sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ), de promotion de l’émancipation des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre. Ce projet est porté par l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) et le ministère guinéen de la Jeunesse. Suivez-nous également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #GquiOse.

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