Ce vendredi 08 mars 2019, l’humanité célèbre la Journée internationale des droits des femmes. Un évènement marqué un peu partout par des manifestations pour célébrer et magnifier ces femmes célèbres ou anonymes qui se battent pour le respect de leurs droits et travaillent pour apporter des changements positifs à leurs communautés, à leur société et à leur nation. À cette occasion, notre contributeur basé à N’zerekoré, Ibrahima Diabaté, est allé à la rencontre d’une femme, qui a choisi de faire carrière dans un domaine qui n’attire pas encore beaucoup de femmes…

En Guinée, comme dans de nombreux autres pays, il y a des métiers qui sont traditionnellement « masculins ». C’est le cas de la chaudronnerie qui consiste entre autres à fabriquer des portes et fenêtres métalliques. Il est très rare de voir des guinéennes exercer ce « métier d’hommes ». À N’zerekoré, la principale ville de la Guinée Forestière, une jeune femme a décidé d’aller à l’encontre des normes établies. Son nom : Agnès Haba ! Elle est âgée d’une vingtaine d’années et l’unique fille d’une fratrie de cinq enfants. Très vite, faute de moyens, Agnès a dû abandonner ses études. Ses parents n’arrivaient plus à faire face aux frais de scolarité de tous leurs enfants.

En 2004, en tant que l’aînée de la fratrie, Agnès s’est vu dans l’obligation de travailler afin de pouvoir venir en aide à ses parents. Avec pour conséquence, l’abandon de l’école. Elle s’est dit alors qu’il lui fallait apprendre un métier. Ses proches lui ont proposé d’opter pour la coiffure ou la couture. Mais toutes ces deux activités ne correspondaient pas aux aspirations de la petite fille de l’époque. Son choix est fait: la chaudronnerie. Ce métier était parfait pour cette Agnès qui s’est toujours sentie un peu « masculine » dans sa peau.

En choisissant la chaudronnerie, se rappelle-t-elle encore, elle avait la possibilité de faire une chose différente de ce que les autres filles faisaient. Mais ce choix n’était pas du goût de ses proches. « Tous mes proches ont essayé de me dissuader de faire ce métier, car ils estimaient que c’était un métier des hommes et que je n’avais pas d’avenir dedans », explique-t-elle avant d’indiquer fièrement que ses proches se sont trompés « car aujourd’hui, je m’en sors très bien et je fais la fierté de ma maman ».

Aujourd’hui, Agnès exerce son métier de rêve. Mais avant de réussir, elle a dû franchir assez d’obstacles. Les premières années ont été pénibles. Car elle devait faire face aux regards réprobateurs et aux commentaires désagréables des gens. « J’ai dû faire face à beaucoup de stéréotypes, les jeunes garçons de l’atelier se moquaient de moi au début, de même que mes copines du quartier et même de certains de mes proches ». Mais il y avait aussi ceux qui l’admiraient. « Parfois, je suscitais aussi de l’admiration chez certaines personnes », se rappelle-t-elle.

Les critiques n’ont pas ébranlé la détermination de la jeune Agnès. Au fil des années, elle gravit toutes les étapes et réussit à surmonter tous les stéréotypes pour devenir l’une des valeurs sûres de l’atelier où elle travaille. Ses collègues masculins apprécient beaucoup le travail de la jeune femme. « Agnès fait preuve de professionnalisme et d’assiduité remarquables, forçant l’admiration de nous tous », explique maître Abou, son patron.

Le rêve de la petite Agnès de contribuer à subvenir aux besoins de sa famille est devenu une réalité. Grâce à son travail, elle est désormais un pilier de sa famille. Aujourd’hui, Agnès se fixe comme principal objectif d’ouvrir son propre atelier de chaudronnerie. « Mon rêve, c’est d’ouvrir ma propre boîte où je ferai employer des filles afin d’aider à faire la promotion et l’émancipation des femmes guinéennes ».

Génération qui ose est une plateforme d’informations et de sensibilisation sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ), de promotion de l’émancipation des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre. Ce projet est porté par l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) et le ministère guinéen de la Jeunesse. Suivez-nous également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #GquiOse.

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